Les forêts françaises, cruciales pour atteindre la neutralité carbone en 2050, sont menacées par le réchauffement climatique

Isabelle Chuine

Écologue terrestre, spécialiste de l’adaptation des espèces végétales au climat, Isabelle Chuine est directrice de recherche CNRS au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive. Membre de l’Académie des sciences, elle a piloté le comité de rédaction du rapport « Les forêts françaises face au changement climatique » (juin 2023 ; voir « En savoir plus »).

Écologue terrestre, spécialiste de l’adaptation des espèces végétales au climat, Isabelle Chuine est directrice de recherche CNRS au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive. Membre de l’Académie des sciences, elle a piloté le comité de rédaction du rapport « Les forêts françaises face au changement climatique » (juin 2023 ; voir « En savoir plus »).

Écologue terrestre, spécialiste de l’adaptation des espèces végétales au climat, Isabelle Chuine est directrice de recherche CNRS au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive. Membre de l’Académie des sciences, elle a piloté le comité de rédaction du rapport « Les forêts françaises face au changement climatique » (juin 2023 ; voir « En savoir plus »).

Les forêts françaises, qui couvrent 31 % du territoire métropolitain1, contribuent à l’économie du pays et au bien-être de ses habitants. Elles fournissent des matériaux et des produits issus de la récolte du bois et de la cueillette, ainsi que de l’énergie issue de la combustion du bois. Elles jouent un rôle indispensable dans la régulation de nombreux processus biogéochimiques, comme les cycles de l’eau, du carbone et des nutriments, l’érosion des sols, le climat, mais aussi dans la protection contre des événements extrêmes, tels que les glissements de terrain, les inondations et les canicules. Elles façonnent nos paysages et procurent des espaces de détente pour de nombreuses activités. Elles jouent un grand rôle dans notre identité culturelle et notre santé physique et mentale. Enfin, elles sont des refuges importants pour la biodiversité.

Depuis quelques années, les forêts françaises ont un rôle prépondérant dans la feuille de route de la France pour atténuer le changement climatique, la stratégie nationale bas carbone (SNBC), élaborée par le gouvernement à partir de 2015 pour atteindre la neutralité carbone en 2050. En effet, elles représentent un puits de carbone (réservoir qui capte et stocke le carbone atmosphérique) très important, sur lequel repose cette stratégie qui devrait permettre aux Français d’émettre encore 80 mégatonnes (Mt) équivalent CO22 chaque année dans l’atmosphère (un niveau divisé par 6 environ par rapport au niveau d’émission actuel) tout en absorbant la même quantité. Le puits de carbone forestier est assuré par la photosynthèse des arbres qui permet de séquestrer le CO2 atmosphérique et de le transformer en sucre utilisé ensuite dans toutes les fonctions vitales de l’arbre, telles que la croissance, la production de graines et la défense contre les ravageurs et les pathogènes.

Alors que la surface des forêts françaises et leur productivité n’ont fait que croître jusqu’au début de ce siècle, le puits de carbone forestier a fortement diminué au cours des dix dernières années et ne représente plus que la moitié de ce qu’il était, soit 32 Mt CO2 en 2020. Les grands incendies qui ont ravagé en 2022 plus de 40 000 hectares de forêts en France métropolitaine viendront sans doute alourdir cette tendance.