Le milliardaire suisse Jean-Claude Gandur choisit Caen pour abriter sa collection d’arts
C’est finalement à Caen, que les Français et les touristes étrangers pourront découvrir la collection d’art du milliardaire suisse Jean-Claude Gandur. Sa fondation s’installera près du Mémorial. Elle ouvrira ses portes en 2030. Parmi les sept villes qui ont démarché Jean-Claude Gandur, Rouen, Arles, Annecy et Fessenheim ont vite été écartées. Strasbourg était en demi-finale mais les tensions entre la maire Jeanne Barseghian (EELV) et son opposition, sa réduction des aides culturelles et la fermeture accrue des musées municipaux ont sorti la ville de la compétition. «Mon choix a été rigoureux mais je voulais aussi me sentir à l’aise avec la ville choisie», nous confiait Jean-Claude Gandur en octobre dernier.
Son choix était cornélien. Sans aéroport ni TGV, Caen partait en apparence avec moins d’atouts. Mais plus d’un demi-million d’Anglo-Saxons se rendent au cimetière de Colleville-sur-Mer et 70.000 personnes au Mémorial de Caen. Être installé près du Mémorial permet aussi à Jean-Claude Gandur d’attirer a minima la moitié des visiteurs du Mémorial. À Caen, tout le monde le tutoie. Il se repose souvent dans sa propriété dans l’Eure et surtout quand il était élu du canton de Vaud, il avait pris l’habitude d’emmener plusieurs fois des jeunes Suisse au Mémorial. «Il terminait assis en tailleur pour expliquer la Seconde guerre mondiale et la guerre froide. Comme il est très pédagogue, il pourrait guider les visiteurs dans l’audioguide», nous expliquait l’ancien directeur du Mémorial, Stéphane Grimaldi. Caen était donc le choix du cœur et le lieu où l'arrivée de la fondation changerait fondamentalement le visage de la ville.
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Pour le président de la République Emmanuel Macron et Rachida Dati ministre de la Culture, l’installation de la fondation en France est une excellente nouvelle. Le milliardaire suisse aurait pu choisir n’importe quel autre pays. Au cours des derniers mois, l’homme de 75 ans a pris le temps de la réflexion aidé par le cabinet suisse Thematis basé dans le canton de Vaud et Carolina, sa belle-fille, avocate en Suisse. Elle consacre une partie de son temps libre à la fondation dont elle est vice-présidente. «Nous avons voyagé ensemble pour visiter chaque ville candidate», nous expliquait Jean-Claude Gandur en octobre dernier. Après sa carrière dans le pétrole, sa collection est la seconde œuvre de sa vie.
3700 pièces
Composée de 3700 pièces, cette collection comprend des antiquités romaines, grecques, égyptiennes, des artefacts des Amérique, d’Asie, d’Océanie, du mobilier et des sculptures européens du Moyen Âge au XXe siècle, un ensemble de peintures concentré sur l’après-guerre et les artistes contemporains d’Hans Hartung à Chéri Cherin en passant par Pierre Soulages. C’est la collection d’un passionné qui embrasse quelques grands pans de l’art avec gourmandise. Cet ensemble d’œuvres ne deviendra pas la propriété de Caen. Elles resteront au sein d’une entité suisse sous la surveillance de l’État fédéral. La question de la libre circulation des œuvres entre l’Hexagone et la Suisse a été réglée avec l’État Français. Il n’y aura pas de soucis douaniers.
Le terrain de 51.000 mètres carrés a été offert par la municipalité de Caen. «J’ai demandé de l’aide publique pour le gardiennage de nuit, les dépliants dans les offices de tourisme et les aménagements comme le stationnement», explique-t-il. Pour imaginer ce lieu, Jean-Claude Gandur a visité de nombreux musées en Europe comme Louisiana au nord de Copenhague, l’île verte des musées de Djurgarden à Stockholm, le site de la fondation Burrell en Écosse mais aussi le Louvre Abou Dhabi. Son musée ouvrira ses portes en 2030.