Le RC Vannes, un phare breton en terre d’Ovalie
« Aman eo ar Rabin ! » « Ici, c’est la Rabine ! » « Respect de tous. Respect de l’arbitre, respect des buteurs, respectons qui nous sommes. » Cette plaque apposée sur le mur au bas d’une des tribunes du petit stade de la Rabine et ses 11 800 places à Vannes résume assez bien, s’il le fallait, ce qu’est le Rugby Club Vannetais, fondé en 1950 et membre depuis cette année du Top 14. Pas de sifflets sur les transformations adverses. « Land of my Fathers », hymne du Pays de Galles, chanté en breton en avant-match et drapeaux striés de blanc et de noir avec ses 11 hermines dans les tribunes. Voilà le décor ! « Ce club est notre fierté et celle de toute la Bretagne », explique Florian, membre du club de supporters créé il y a un an, le Kerlenn Gwened. « Nous sommes déjà 300 dans l’association. Depuis que le club est monté en Pro D2 et maintenant en Top 14, on sent un engouement toujours plus fort », continue le garçon, qui anime la tribune nord.
« Degemer mat e Breizh ! »
Premier club breton de rugby à atteindre un tel niveau, même si les résultats ne sont pas au rendez-vous, le RCV est à ce jour un Orni (objet rugbystique non identifié). Mettre les pieds à la Rabine est, en effet, une expérience unique, dépaysante. Bienvenue en Bretagne : « Degemer mat e Breizh ! » À deux pas du port, entouré de bâtiments du XVIIIe siècle avec la chapelle des Carmes, le conservatoire de musique et le couvent des sœurs de la Charité, l’ancien stade du Vannes OC – qui évolua un temps en National 2 de football et végète aujourd’hui en National 3 –, nous plonge dans une ambiance tout ce qu’il y a de plus bretonnante. Manque seulement le calvaire ! Mais bon, pour le reste… Ici, pas de merguez-frites. La galette saucisse est dans la place. Pour les plus marins, il existe toujours la possibilité de s’envoyer aussi quelques huîtres. Et puis, bien évidemment, il y a de la bière, boisson universelle dans le monde du rugby, mais locale ici.
C’est sur cette terre, où le football règne en maître absolu, que le RC Vannes a construit son histoire. Elle ressemble à s’y méprendre à celle de l’AJ Auxerre en football. Le club a franchi tous les échelons depuis sa création. En 1997, pour la première fois de l’histoire, un club breton accède à la Fédérale 2. Il y reste jusqu’en 2006 où il passe en Fédérale 1. Dix ans plus tard, Vannes est promu en Pro D2. Mais c’est à l’issue de la saison 2023-2024 que le plus magique se produit. Le RCV est sacré champion de deuxième division, après sa victoire en finale face à Grenoble, et donc accède au Graal.
Le rugby à 15 en Bretagne c’est quelque 10 000 licenciés
Cette ascension marche après marche est aussi celle de deux hommes. Tout d’abord Goulven Le Garrec, aujourd’hui entraîneur adjoint et père d’un certain Nolann. Il a été du réveil du club tout comme Jean-Noël Spitzer, cet entraîneur qui a tout d’un Guy Roux local. De l’école de rugby, lorsqu’il était jeune, jusqu’à la prise en main de l’équipe première en 2005, il n’a jamais lâché les rênes pour amener son équipe jusqu’à l’élite. Une résilience à l’image du club qui a entraîné la ville, le département, mais aussi toute une région à pousser derrière la mêlée. « Avec la descente du club de football, c’est le rugby qui a pris peu à peu la place. Même si c’est la ville qui demeure l’attraction en soi, le rugby aujourd’hui fait partie de l’image de marque. Tout le monde en profite les jours de matchs. Les bars, les restaurants se remplissent à cette occasion », explique Gérard Robert, stadier et retraité.
Et même si la Bretagne est encore loin d’être devenue une terre d’accueil de l’Ovalie, avec ses quelque 10 000 licenciés, (contre 61 800 licences en Nouvelle-Aquitaine et presque 70 000 en Occitanie), elle prend peu à peu sa place. Vannes y est pour quelque chose : « C’est le club de tous. Ils viennent de toute la Bretagne. De Brest, à presque deux heures de route. Il y a des Nantais, des Mayennais, des gens de Concarneau. Le club a une véritable identité bretonne avec des bagads qui s’y produisent. Le stade est plein à chaque match », continue le retraité.
Toute une région qui se félicite de ce coup de projecteur. Ainsi Loïc Tanneau, président du Rugby Club Concarnois, qui évolue en Fédérale 3 : « Vannes nous fait du bien. Il fait du bien à tout le rugby en Bretagne. Il aide de par sa présence régulière dans les médias à la visibilité des autres clubs. Cela attire les jeunes vers notre sport, même si nous fournissons aussi de notre côté de nombreux efforts pour les attirer. Nous mettons sur place des rugby parks dans les villages. Nous allons dans les écoles… »
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