Le RN ne «soutiendra pas» la motion de censure LFI, assure Sébastien Chenu

Plus de trente ans après l’avoir quittée, Michel Barnier remettra mardi les pieds à l’Assemblée nationale. Le premier ministre doit y prononcer son très attendu discours de politique générale (DPG), durant lequel il dévoilera la feuille de route de son gouvernement. Les troupes de Marine Le Pen ne devraient pas en louper un mot, après avoir placé le nouvel exécutif «sous surveillance». «Nous attendons le contenu de ce discours, car jusqu’à présent nous ne savons pas trop où Michel Barnier veut amener les Français», a confirmé Sébastien Chenu, vice-président du parti nationaliste.

Invité du «Grand Jury-RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat», le député RN du Nord a toutefois assuré que sa famille politique ne «soutiendra pas» la motion de censure déposée dans les prochains jours par les Insoumis. «Si nous le censurons, ce sera sur du concret parce qu’il sera allé trop loin ou pas assez loin dans l’intérêt des Français», a-t-il détaillé, offrant pour l’instant du sursis à la fragile coalition gouvernementale.

Le parti à la flamme sait surtout qu’il tient l’avenir du premier ministre entre ses mains : aucune motion de censure ne peut être adoptée sans le renfort de ses bancs. «Nous n’avons pas le pouvoir, mais nous avons la force : celle qui déclenche des guerres ou les empêche», a professé Sébastien Chenu, pour lequel l’exécutif n’a «ni la force ni la légitimité démocratique» de tenir sur la longueur.

Ce dernier évoque déjà une fenêtre de tir au moment du budget, qui doit atterrir sur la table des députés dans les prochaines semaines. Sans majorité dans l’Hémicycle, Michel Barnier pourrait être contraint de passer en force avec l’article 49.3, s’exposant en retour à une motion de censure. Le RN a en tout cas fixé plusieurs lignes rouges, notamment si l’exécutif «continue cette politique qui consiste à assécher la France qui travaille ou a travaillé», a prévenu Sébastien Chenu.

La bataille des postes

En coulisses, une autre bataille a déjà commencé dans l’Hémicycle : la nouvelle répartition des postes-clés après la promotion de plusieurs parlementaires au gouvernement. Les élus nationalistes voudraient rectifier le tir après avoir été exclus en juillet dernier des fauteuils convoités, au nom du «front républicain». 

Notamment en décrochant une vice-présidence de l’Assemblée nationale, après la nomination d’une de ses titulaires, Annie Genevard (LR), à l’Agriculture. «Je ne suis pas forcément candidat, mais il y aura un candidat RN. Il faut que les responsabilités puissent circuler», a fait savoir Sébastien Chenu, qui a échoué à récupérer ce poste qu’il occupait sous la précédente législature. Avant d’appeler le patron de La Droite républicaine, Laurent Wauquiez, à «soutenir» le prétendant mariniste pour «laisser vivre la démocratie à l’Assemblée nationale»