Une cinquantaine de morts à Gaza, le plan de "conquête" israélien suscite l'indignation
Des frappes israéliennes ont fait près de 60 morts, selon les secours, mercredi 7 mai, dans la bande de Gaza. La catastrophe humanitaire s'aggrave de jour en jour dans l'enclave palestinienne, pendant que le plan d'Israël d'étendre ses opérations militaires suscite l'indignation internationale.
Plus de trente experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU ont appelé mercredi les États à "agir rapidement pour mettre fin au génocide en cours" dans le territoire palestinien et éviter "l'annihilation" de la population gazaouie. Israël a rejeté ces accusations.
Après deux mois de trêve, Israël a repris le 18 mars son offensive, affirmant vouloir ainsi contraindre le mouvement islamiste à libérer les derniers otages enlevés lors de son attaque du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre. Sur 58 otages encore retenus à Gaza, 34 sont considérés morts par l'armée israélienne.

Mercredi, la Défense civile a annoncé qu'au moins 59 personnes avaient été tuées dans plusieurs frappes israéliennes, dont la plus meurtrière a fait 33 morts à Gaza-ville, dans le nord du territoire.
"Pris au dépourvu"
Des images tournées par l'AFP montrent des corps étendus dans une rue commerçante du quartier d'al-Rimal, que des hommes tentent d'évacuer dans la cohue. Des débris gisent entre les tables sur le sol maculé de sang d'un restaurant.

"Cette rue est bondée de piétons et les gens ont été pris au dépourvu", a raconté Mohammed al-Ghazali, un témoin de cette frappe, l'une des plus meurtrières depuis le 18 mars.
Selon le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, la frappe s'est produite dans l'après-midi quand un drone a largué un premier missile, suivi quelques instants plus tard d'un deuxième.
Dans la même ville, un autre bombardement a fait 15 morts dans une école abritant des déplacés, tandis que huit membres d'une même famille, âgés de deux à 54 ans, ont aussi péri dans une frappe contre une maison à Khan Younès, dans le sud, selon cette organisation de secouristes.

"On meurt de faim, on meurt à cause de la guerre, on meurt de peur, on meurt de tout, et le monde entier reste là à nous regarder mourir", a témoigné Abir Shehab, qui a perdu son frère.
Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas fait de commentaire sur ces bombardements.
"Nouvelle ligne rouge"
Israël avait annoncé lundi un plan de "conquête" de la bande de Gaza prévoyant un déplacement massif de sa population, qui a provoqué de nombreuses condamnations à travers le monde.
"Ce que nous voyons, c'est seulement plus de destruction, plus de haine, plus de déshumanisation", a affirmé le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.

La mise en œuvre du plan, qui prévoit "d'établir une présence israélienne prolongée" à Gaza, reviendrait à "franchir une nouvelle ligne rouge", a mis en garde mercredi l'Espagne dans une déclaration commune avec l'Irlande, la Norvège, la Slovénie, l'Islande et le Luxembourg.
L'Espagne s'apprête à présenter une résolution devant l'Assemblée générale de l'ONU proposant des "mesures d'urgence pour arrêter le massacre des civils" et assurer l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.
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La situation à Gaza est actuellement "la plus critique que nous ayons jamais connue", a affirmé pour sa part le président français Emmanuel Macron.
Amnesty International a appelé Israël à "abandonner immédiatement tout plan d'annexion de Gaza et de déplacement de masse forcé des Palestiniens".

"Gaza sera totalement détruite", avait dit mardi le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, en assurant que la population gazaouie, après avoir été déplacée vers le sud, commencerait à "partir en grand nombre vers des pays tiers".
Un responsable sécuritaire israélien avait néanmoins affirmé lundi qu'il restait une "fenêtre" de négociations en vue de la libération des otages jusqu'à la fin de la visite au Moyen-Orient du président américain Donald Trump, prévue du 13 au 16 mai.
Le Hamas a dénoncé mercredi une tentative d'imposer un "accord partiel". Un membre du bureau politique du mouvement islamiste, Bassem Naïm, a déclaré à l'AFP que le Hamas insistait "sur la nécessité de parvenir à un accord global et complet pour mettre fin à la guerre".
Avec AFP