Festival de Cannes 2025 : le réalisateur Todd Haynes, Carrosse d'or à la Quinzaine des cinéastes, en cinq films

Le cinéaste Todd Haynes, figure de la contre-culture américaine et du cinéma queer, recevra le Carrosse d'or, prix honorifique de la Quinzaine des cinéastes, le 14 mai. Il succède à la Britannique Andrea Arnold, lauréate l'an dernier, et au Malien Souleymane Cissé. Sa passion pour le cinéma commence lors de la projection d'un film expérimental en classe pendant son adolescence. Il réalise alors, à 17 ans, son premier court-métrage, The Suicide.

Une cinquantaine d'années, plus tard, à 64 ans, Todd Haynes "porte haut son héritage de remise en question des normes, qu'elles soient sociales, sexuelles ou artistiques", a souligné la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF) dans un communiqué, publié début avril. Voici cinq films qui ont marqué sa carrière.

"Velvet Goldmine" (1998)

Todd Haynes considère le cinéma comme un art de l'artifice, il réalise donc en 1998 un film flamboyant sur la fascination exercée par le mouvement "glam rock" des années 1970, avec sa musique bruyante, sa mode clinquante et son esprit provocateur. Son troisième opus raconte l'histoire de Brian Slade – incarné par Jonathan Rhys-Meyers – une pop star largement inspirée du chanteur David Bowie et son personnage de Ziggy Stardust. Le titre du long-métrage est d'ailleurs tiré d'une chanson éponyme de Bowie.

Dix ans après la disparition du chanteur, un journaliste anglais nommé Arthur explore l'ascension et la chute du personnage principal qui fut son idole quand il était adolescent à Manchester, son mariage avec Mandy et sa liaison avec Curt Wild, inspiré d'Iggy Pop et Lou Reed. Velvet Goldmine a été salué par un Prix de la meilleure contribution artistique à Cannes en 1998.

"I'm Not There" (2007)

Le réalisateur américain se lance en 2007 dans un pari ambitieux avec l'anti-biopic I'm Not There, dans lequel le chanteur Bob Dylan est incarné par six comédiens (dont une femme, Cate Blanchett). Ce film est un voyage à travers les différents épisodes de sa vie et de ses personnalités : poète, prophète, hors-la-loi, imposteur, rebelle, comédien, martyr... Ils participent tous au portrait de cette icône américaine insaisissable. Grand Prix du jury à la Mostra de Venise en 2007, ce film est l'occasion pour Todd Haynes de poursuivre sa réflexion sur l'identité qui traverse toute son œuvre.

"Carol" (2015)

En 2015, après avoir réalisé pour le petit écran, Todd Haynes fait son retour au cinéma avec le film de Noël Carol, présenté en Sélection officielle au Festival de Cannes (et lauréat de la "Queer Palm"). Ce mélodrame sentimental, adaptation du roman de Patricia Highsmith publié en 1952, décrit la romance interdite entre deux femmes – une élégante bourgeoise, en instance de divorce et une jeune vendeuse d'un grand magasin – interprétées par Cate Blanchett et Rooney Mara, au sein d'une société conservatrice. Le film aborde les thèmes de l'homophobie et du sexisme dans l'Amérique des années 1950. Rooney Mara obtient le Prix d'interprétation féminin à Cannes, ex æquo avec Emmanuelle Bercot.

"Dark Waters" (2019)

Le cinéaste continue de puiser dans le réel avec son long-métrage Dark Waters, sorti en 2019. Dans ce film, Mark Ruffalo interprète un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, l'homme va découvrir que la campagne de son enfance est empoisonnée par une usine du groupe DuPont, premier employeur de la région. Il lève le voile, malgré lui, sur un scandale écologique majeur. Pour ça, il va risquer sa carrière, sa famille et même sa propre vie. Dark Waters est inspiré de l'histoire vraie de l'avocat Robert Bilott qui a dénoncé les pratiques toxiques de l'entreprise citée dans le film.

"May December" (2023)

Avec May December, sorti en 2023, il s'inspire également d'une affaire, celle de Mary Kay Letourneau, une professeure américaine d'une trentaine d'années, tombée enceinte d'un de ses élèves de 12 ans dans les années 1990. Au-delà du fait divers sordide, le réalisateur s'intéresse surtout à un jeu de miroirs pervers entre une actrice et son modèle. En effet, pour préparer son nouveau rôle, la comédienne vient rencontrer celle qu'elle va incarner à l'écran, dont la vie sentimentale a enflammé la presse à scandale et passionné le pays vingt ans plus tôt.

Présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2025, le film reçoit les acclamations de la critique, qui salue les performances du duo, Julianne Moore et Natalie Portman, la mise en scène, le scénario pour ses éléments satiriques subtils, et la bande originale aux accents dramatiques. Il ne remporte, toutefois, aucune récompense.