Une agricultrice reçoit un appel de Michel Barnier après avoir témoigné sur le «suicide» à la radio

Un appel pour le moins inattendu. Ce dimanche matin, Stéphane, agricultrice en Dordogne, a hésité à décrocher son téléphone dimanche matin lorsqu’elle était en train de promener ses chevaux. Finalement, elle a répondu. À l’autre bout du fil, une voix : «Bonjour Stéphane, c’est Michel Barnier », raconte la prunicultrice du Bergeracois à nos confrères de France Bleu

Invité sur France Bleu vendredi 15 novembre pour évoquer la crise agricole, le premier ministre a pu écouter le témoignage poignant de cette agricultrice de 59 ans, qui cultive des noix, prunes et noisettes. «Le stress, la détresse, la solitude... J’ai l’habitude de gérer ça. Mais là, tout d’un coup de me dire que mes salariés [...] à la fin du mois je vais leur dire que c’est fini, je n’ai pas les moyens de [les] payer. Qu’est-ce que j’ai comme solution», lâchait l’agricultrice, en larmes. Avant de poursuivre son appel à l’aide : «J’espérais que la petite dernière allait reprendre l’exploitation, mais elle n’a pas envie. À voir maman travailler 13 heures par jour et être au bord du suicide, ça ne la fait pas rêver...»

Après ces mots, Michel Barnier a indiqué être «très ému en écoutant Stéphane». «J’ai envie de lui dire qu’il faut tenir. On ne doit pas laisser ces hommes et ces femmes dans leur solitude», a-t-il ajouté, avant d’assurer regarder le cas particulier de cette agricultrice. 

Un appel pour évoquer ses finances et aides

Alors, deux jours plus tard, le premier ministre a tenu à appeler Stéphane, pendant une demi-heure. «J’ai été bluffée par la simplicité et la compréhension de cette personne. Il a insisté sur les aides dont j’avais besoin personnellement, mais on ne va pas résoudre la crise agricole en résolvant mes problèmes de trésorerie», détaille l’agricultrice. 

Si cette dernière semble se réjouir de cet appel, qui montre «qu’il y a quand même des gens qui se soucient» de la situation du secteur agricole, elle est intriguée de voir le premier ministre s’intéresser à ses problèmes financiers, davantage que ne le fait sa propre banque. «Ce qui me désole, c’est qu’on avait l’impression que le Crédit Agricole était moins au courant que le premier ministre qui m’a appelé comme s’il était mon conseiller bancaire», confie-t-elle.

Moins d’un an après un ample mouvement de colère dans les campagnes, les syndicats agricoles appellent à nouveau leurs troupes à manifester une nouvelle fois ce lundi 18 novembre, à l’approche de leurs élections professionnelles qui se tiennent en janvier. Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, les agriculteurs estiment n’avoir toujours pas récolté les fruits de la colère de l’hiver dernier : la concrétisation des 70 engagements alors pris par le gouvernement Attal a été ralentie par la dissolution de l’Assemblée nationale.