Retraites, dépenses publiques, ArcelorMittal... Malmené, Emmanuel Macron défend sa politique économique

« N on. » C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a répondu à la numéro 1 de la CGT, Sophie Binet, qui lui demandait un référendum sur l’abrogation de la réforme des retraites de 2023. Attaqué sur différents fronts ce mardi soir sur le plateau de TF1, le président de la République, fragilisé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et la perte de sa majorité, a tâché tout au long de la soirée de défendre son bilan économique, bon gré mal gré.

« Les actifs payent pour les retraités, a rappelé le chef de l’État. Quand on vivait beaucoup moins longtemps, il y avait trois cotisants pour un retraité, aujourd’hui on est à 1,7. Notre système était rentré en déficit. » Selon lui, la réforme de 2023, aussi impopulaire soit-elle, permettra in fine de dégager « 17 milliards d’euros », dont « un tiers réinvesti dans les mesures sociales ». Il a rappelé, en s’alignant sur les derniers chiffres de la Cour des comptes, que le coût d’une abrogation reviendrait à « une dizaine de milliards d’euros à retrouver » ailleurs. Exit donc tout retour en arrière sur cette réforme.

« Il y a un conclave sur le sujet  », a toutefois rappelé le président. Une délégation paritaire permanente composée du patronat et des syndicats - mais qu’a quittée la CGT - est chargée de proposer des pistes pour améliorer le système et réduire son déficit, d’ici le mois de juin. En présentant une infographie sur les dépenses publiques, qui rappelle que sur 1000 euros de dépenses, plus d’un quart est actuellement consacré aux retraites, le président a d’ailleurs rappelé que « le cœur de la bataille » était de « garder une réforme des retraites efficace et de freiner les autres dépenses sociales ».

«Je ne vais pas nationaliser ArcelorMittal»

Sur les dépenses publiques, le chef de l’État était ensuite attaqué sur son flanc droit par Agnès Verdier-Molinié, la directrice de la fondation Ifrap. Il a rappelé que lors des deux premières années de son précédent quinquennat, il avait « su baisser les impôts et maîtriser la dépense publique », tout en s’exonérant quelque peu de la situation actuelle en rappelant que le pays a ensuite « été confronté à des crises historiques », face auxquelles l’exécutif a fait en sorte de « protéger pour maintenir de l’offre », notamment grâce au « quoi qu’il en coûte  ».

Interrogé par Agnès Verdier-Molinié sur la suppression du statut particulier actuellement dévolu aux fonctionnaires de la fonction publique territoriale et hospitalière, à l’instar de la fin du statut spécial des cheminots, le président n’a pas tout à fait fermé la porte à cette réforme potentiellement explosive, estimant qu’« il faut moderniser ».

Malgré les pressions, le chef de l’État a tâché de se maintenir en surplomb de certaines propositions, jugées parfois irréalisables. Une nationalisation d’ArcelorMittal, qui envisage la suppression de plus de 600 postes dans le pays, a ainsi doctement été écartée par le président. Interrogé par Sophie Binet à ce propos, le président de la République a assumé vouloir « protéger le marché européen », grâce à « des clauses de sauvegarde ». « Je ne vais pas nationaliser ArcelorMittal parce que ce serait dépenser des milliards d’euros », a martelé le chef de l’État.