Les étudiants étrangers devant intégrer Harvard seront privés de visas pour les États-Unis
Donald Trump a accentué mercredi 4 juin sa vaste offensive contre les prestigieuses universités américaines en interdisant l'entrée aux États-Unis des étudiants étrangers devant intégrer Harvard et en menaçant de retirer à Columbia son accréditation, ce qui pourrait la priver de tout financement fédéral.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump mène la charge contre des universités qu'il accuse de propager une idéologie "woke", terme utilisé de manière péjorative par les conservateurs pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme un excès de militantisme en faveur notamment des minorités.
"Je suis arrivé à la conclusion qu'il est nécessaire de restreindre l'entrée aux ressortissants étrangers qui cherchent à venir aux États-Unis pour participer, exclusivement ou en grande partie, à un programme d'études de l'université Harvard", a déclaré le président américain dans un communiqué. Cette mesure, dont le gouvernement avait déjà menacé Harvard, s'applique immédiatement à l'encontre des "étrangers qui entrent ou tentent d'entrer aux États-Unis pour commencer à participer" à des programmes de l'université.
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Les étudiants étrangers actuellement inscrits à Harvard, l'université la plus ancienne des États-Unis et l'une des mieux classées au monde, feront l'objet d'un examen et pourraient voir leurs visas "révoqués", selon le texte.
"Il s'agit d'une nouvelle mesure de représailles illégale prise par l'administration en violation des droits au Premier amendement (de la Constitution américaine, qui protège la liberté d'expression) de Harvard. Harvard continuera à protéger ses étudiants étrangers", a réagi peu après un porte-parole de l'université.
Cette annonce survient le même jour que la menace par le gouvernement de Donald Trump de retirer à l'université Columbia son accréditation. Il l'accuse, comme Harvard, de ne pas avoir suffisamment protégé des étudiants juifs pendant les manifestations étudiantes contre la guerre dévastatrice d'Israël à Gaza.
Problème pris "au sérieux"
Grand soutien d'Israël, Donald Trump accuse d'antisémitisme des universités américaines de renom pour avoir laissé prospérer sur leurs campus des mouvements étudiants contre les bombardements israéliens dans la bande de Gaza.
"Après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 par le Hamas, la direction de Columbia a délibérément fait preuve d'indifférence face au harcèlement subi par les étudiants juifs sur son campus", a déploré la ministre de l'Éducation, Linda McMahon, dans un communiqué.
Selon le ministère, Columbia "viole les lois fédérales contre la discrimination", disant "attendre" de connaître les mesures prises par l'université pour "se conformer aux conditions d'obtention de son accréditation".
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Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Columbia a répondu que l'université était "consciente des préoccupations" du ministère. "Nous prenons ce problème au sérieux et continuons de collaborer avec le gouvernement fédéral pour y remédier", a ajouté ce porte-parole.
Le retrait de son accréditation pourrait notamment signifier pour Columbia la perte de toutes ses subventions fédérales. Le gouvernement Trump avait déjà supprimé début mars 400 millions de dollars de fonds fédéraux, dont 250 millions dans le domaine de la santé. Columbia a affirmé avoir lancé depuis des réformes drastiques demandées par l'administration pour tenter de récupérer ces fonds.
Des mesures déjà prises
De son côté, Harvard s'est particulièrement attiré les foudres de l'administration Trump qui lui a retiré environ 2,7 milliards de dollars en subventions fédérales notamment pour la recherche en santé.
Le gouvernement avait déjà menacé de retirer à Harvard sa certification SEVIS (Student and Exchange Visitor), le principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux États-Unis.
Au cours des dernières semaines, la direction de Harvard avait assuré avoir pris des mesures pour s'assurer que ses étudiants et son personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus, tout en défendant le principe de la liberté académique et les droits des étudiants étrangers.
Cette position a valu au président de l'université, Alan Garber, un concert d'applaudissements lors de la cérémonie de remise des diplômes la semaine dernière.
À l'inverse, la présidente de Columbia avait été huée, lors d'une cérémonie similaire, par des étudiants qui lui reprochent de ne pas avoir agi pour empêcher l'arrestation de Mahmoud Khalil, figure du mouvement propalestinien arrêté dans une résidence de l'université et placé dans un centre de détention fédéral en Louisiane d'où il risque l'expulsion.
Avec AFP