« Tu aurais deux places pour le Central ? » : Roland-Garros, ce monument qui nous berce depuis tout petit
Tous les ans, au printemps, les deux questions arrivent. Deux, trois, quatre fois, parfois plus mais jamais moins. « Ça commence quand Roland-Garros ? » et plus intéressé, « tu aurais deux places pour le Central, pour n’importe quel jour ? » Comme si un journaliste sportif, en plus de connaître par cœur les dates de toutes les compétitions sportives, était un fournisseur de billets de dernière minute pour un tournoi à guichets fermés depuis bien longtemps. Alors, merci de le noter, nous n’avons pas de tickets cachés sous notre matelas et Roland-Garros est toujours organisé la dernière semaine de mai et la première de juin, et débute donc le lendemain de l’annonce du palmarès du Festival de Cannes.
Il est vrai que la Fédération française de tennis a corsé le jeu du calendrier en décidant en 2006 de gagner une journée de plus sur le programme et en faisant débuter les premières parties du tableau principal dès le dimanche précédant le lundi habituel d’ouverture puis en incorporant en 2021 des sessions nocturnes qui augmentent la durée des journées devenues (parfois) interminables pour tous ceux qui travaillent sur le site. Et ils sont nombreux, personnel de sécurité, de nettoyage, de vente, de presse, et bien d’autres.
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Conquérir la planète
Le Tout-Paris arrive à « Roland » avec le sourire de celui qui part conquérir la planète et en ressort avec une mine réjouie et délicieusement colorée après avoir assisté à des grands matchs tranquillement installé sur des sièges désormais confortables, applaudi les champions, vibré à leurs exploits, mangé une glace dans les allées entre deux rencontres et admiré les stars et autres VIP croisés près de la place des Mousquetaires.
Couvrir les Internationaux de France, c’est adorer l’adrénaline de l’écriture rapide et sous pression
Martin Couturié
Si la grande majorité des travailleurs de la quinzaine en repartent eux le plus souvent avec un visage blanc comme un linge (sale) et des cernes grosses comme des balles de tennis, cela ne les empêche pas de se réjouir tous les ans de retrouver Roland-Garros. Concernant, par exemple, les journalistes, une caste que nous connaissons bien, malgré des journées de 12 heures, a minima, des matchs parfois sans intérêt et des conférences de presse de joueurs également à géométrie variable, ils réclament à leur rédacteur en chef le droit de retourner couvrir Roland-Garros. Pour rien au monde ils ne rateraient ce monument qui les berce parfois depuis tout petit et a bien failli leur faire louper leur bac (ou en tout cas la mention dont ils rêvaient). Couvrir les Internationaux de France, c’est adorer l’adrénaline de l’écriture rapide et sous pression.
C’est aimer le tennis, le jeu, ses matchs qui se jouent parfois à quelques millimètres, ses champions hors norme. C’est admirer leur défi physique, tactique et surtout mental. C’est respecter l’incroyable courage de ces gladiateurs des temps modernes en tête à tête, sans aucune échappatoire, avec leur adversaire. Face à leur destin et à 16.000 personnes déchaînées. Alors, « tu es sûr, tu n’as pas deux billets pour le Central ? »