Mondial de handball 2025 : les Pharaons et leur pyramide sur la route des Bleus

«Nous faisons clairement parti des 5-6 meilleures équipes de handball du monde» affirmait la mine défaite Mohamed Aly le gardien égyptien après le quart de finale perdue sur le fil contre l’Espagne (28-29) lors des derniers Jeux Olympiques de Paris. Déclaration audacieuse pour certains mais plutôt cohérente vu les résultats de cette nation sur la scène mondiale. Triple champion d’Afrique en titre, sur les quatre derniers mondiaux, l’Égypte s’est toujours hissé dans les 8 derniers (8e en 2019 et 7e en 2021 et 2023). À domicile, en 2021 elle est même passée proche de signer un exploit retentissant face aux intouchables Danois en quart. Finalement au bout des tirs au but, l’Égypte est sorti perdante d’une rencontre d’anthologie.

Si le Qatar en 2015 avait créé la surprise à Doha pour se hisser en finale de son championnat du monde, depuis quelques années, ce sont les Pharaons qui ont troqué leur étiquette d’équipe de milieu de tableau pour devenir des habitués des grandes compétitions. À l’instar du Danemark en 2021, la formation menée d’une main de maître par l’Espagnol Juan Carlos Pastor a montré à mainte reprise qu’elle était capable de titiller les nations européennes. Preuve en est, avec les victoires face à la Slovénie (26-25) et la Croatie (28-24) lors des tours préliminaire et principal. Pour espérer faire mieux que leur quatrième place record en 2001 après avoir été défait par cette même équipe de France en demi-finale, les Égyptiens devront battre pour la première fois de leur histoire les Tricolores dans une compétition mondiale.

Un adversaire que les Bleus ont du mal à dompter

Jamais vaincus en compétition officielle par cette formation égyptienne, les Bleus se sont souvent cassé les dents sur cette redoutable pyramide pour l’emporter. Systématiquement supérieurs sur le papier, les Français n’ont eu que peu de matchs faciles ces dernières années en témoignent les victoires sur le gong d’un but d’écart en 2021 (31-30) et 2022 (33-32). Sur un face-à-face plus global, les deux pays se sont fait face à 43 reprises avec 33 succès pour les Bleus contre 6 pour les hommes en noir dont la dernière victoire remonte en octobre 2007 et 4 matchs nuls dont celui aux JO. Un souvenir forcément dans les esprits des deux effectifs. Des Bleus malades et sonnés à l’époque par deux revers d’entrée avaient eu beaucoup de mal à développer son jeu lors d’une rencontre impactant en grande partie leur avenir. Au terme d’un match chaotique, Ludovic Fabregas avait arraché une égalisation au combien importante dans les derniers instants (26-26). Ce mardi, le capitaine des Bleus incertain pourrait bien manquer cette rencontre. 

Précieux en attaque et en défense, l’absence de Ludovic Fabregas pourrait faire du mal aux Bleus. Antonio Bronic / REUTERS

Même si les sextuples champions du monde sont invaincus à l’inverse de leur adversaire défaite face à l’Islande (27-24), l’Égypte a rencontré des équipes plus coriaces. Outre ses victoires logiques contre l’Argentine (39-25), le Bahreïn (39-25) et dernièrement le Cap-Vert (31-24), les champions d’Afrique ont continué leur marche en avant en s’appuyant sur ses points forts pour l’emporter en patron contre la Croatie à Zagreb (28-24) et se défaire non sans mal de la Slovénie 4e des JO 2024 (26-25). Avec la genèse de ce groupe et dans un mondial rempli de surprise, cette rencontre a tout du match piège par excellence.

Les joueurs à surveiller 

«L’Égypte est une équipe très stable, qui continue de grandir, avec un jeu très structuré. Un mélange de puissance – physiquement, ce sont des grands gaillards – et un jeu souvent à la mode espagnole, très léché.» analysait Guillaume Gille dans les colonnes de l’Equipe. L’Égypte mené par le tacticien Espagnol Juan Carlos Pastor, champion du monde 2005 à la tête de la Roja est porté par son roc Ali Zein. L’arrière gauche à la chevelure volumineuse bien installé chez les Roumains du Dinamo Bucarest a fait ses preuves en Europe. Ex-joueur d’Aix de 2016 à 2018, il a passé un cap en signant au FC Barcelone, club avec lequel il a remporté la Ligue des champions en 2022. À 34 ans, il est bien rentré dans sa compétition en inscrivant 27 buts. L’arrière s’est surtout illustré pour son sang-froid sur les jets de sept mètres en en réussissant 10/11 soit 91% de réussite, seul le croate Filip Glavas fait mieux (14/15 soit 93%). À titre de comparaison, le Français le plus à l’aise dans l’exercice Melvyn Richardson est à 7/11 (64% de réussite). 

Mais la machine à but des Pharaons se nomme Yahia Omar, l’arrière droit du Paris Saint Germain devrait comme à son habitude multiplier les tirs longue distance pour tenter d’affoler les compteurs dès le début de la rencontre. Auteur déjà de 30 buts depuis le début de la compétition, il en avait passé 8 aux Bleus lors des JO. Autre danger, le pivot Ahmed Adel, dans son registre singulier il avait fait déjouer la solide défense Tricolore pour trouver la faille à six reprises lors du dernier affrontement. Le demi-centre Seif El Deraa (Limoges) et l’ailier droit Mohamed Sanad (USAM Nimes) sont aussi deux noms connus dans l’hexagone. 

À droite, Mohamed Aly le gardien des Pharaons. Antonio Bronic / REUTERS

La mascotte de cette équipe est bien dans les buts. Le dernier rempart Mohamed Aly avait bénéficié d’un incroyable soutien du public français à Paris. L’ancien portier angevin de 37 ans évolue désormais au Sporting. Volumineux et vif sur sa ligne, s’il est dans un grand soir il pourrait bien faire tourner la tête aux champions d’Europe en titre. Lors du succès face aux Croates il s’est distingué à 14 reprises terminant sa rencontre avec 37,8% d’arrêt rien que ça.

Deux bons points pour nos Bleus, d’abord l’Égypte compose depuis le début de la compétition sans l’un de ses meilleurs éléments : Yehia El-Deraa. L’arrière gauche ou demi-centre de Veszprem (Hongrie) est blessé. Il devrait aussi se passer du Montpelliérain Ahmed Hesham touché au genou. Enfin, l’enchaînement et l’intensité des rencontres pourraient aussi être fatal pour eux, à l’inverse des Français les Pharaons manquent cruellement de profondeur de banc. Contre la modeste équipe du Cap Vert notamment, l’équipe bis titularisé s’est rendue la tâche bien difficile et a dû compter sur les entrées des cadres pour s’assurer la victoire.