Exposition universelle : un départ sous tension à Osaka

Une semaine avant l’ouverture tant attendue de l’Exposition universelle d’Osaka 2025 ce 13 avril, un niveau élevé de méthane a été détecté sur le site. Si les organisateurs ont rapidement pris des mesures pour sécuriser la zone, avec une ventilation renforcée et une surveillance accrue, l’incident rappelle aussi les dangers inhérents à une course effrénée vers le futur.

Ce niveau de méthane, suffisamment important pour déclencher un incendie, a été mesuré dans une fosse souterraine destinée aux équipements électriques au moment d'une ouverture test du site, a déclaré l'association japonaise chargée de l'organisation de l'Exposition universelle. Elle a interdit aux visiteurs de s'approcher de la zone concernée pendant environ une heure afin de la ventiler. Elle a également décidé d'y augmenter la fréquence des contrôles en matière de gaz, d'améliorer la ventilation et d'installer une clôture afin que les visiteurs ne s'en approchent pas.

Le site était autrefois une décharge et les organisateurs ont pris des mesures pour empêcher le méthane d'être piégé. Mais, en mars 2024, une salle de repos du site alors en construction avait pris feu après qu'une étincelle provoquée par les travaux de soudure eut déclenché une explosion liée à du méthane piégé.

« La société du futur »

Malgré cette menace, l’exposition s’annonce comme un événement phare. Trois ans après l’Exposition à Dubaï, Osaka s’est choisie pour thème « la société du futur », mettant l’accent sur l’intelligence artificielle et le spatial. Avec parmi les attractions phares : une météorite martienne, un minuscule cœur battant cultivé à base de cellules souches, 32 sculptures d’Hello Kitty déguisées en algues...Organisées régulièrement à travers le monde depuis 1851 (celle de 1889 laisse pour héritage la Tour Eiffel à Paris), les Expositions universelles offrent l’occasion aux pays participants de rivaliser via l’architecture de leurs pavillons et la présentation de leurs cultures, techniques et savoir-faire.

Le pavillon français - qui a coûté 58 millions d’euros (dont 42,5 millions financés par l’État) - ouvrira ses portes ce dimanche. Il se veut un « hymne à l’amour ». Conçu par un consortium franco-italien dirigé par l’architecte Thomas Coldefy, le pavillon présente un design soigné avec des drapés blancs évoquant l’unité et l’harmonie. Parallèlement, un message fort sur la nécessité de créer des liens entre les peuples est véhiculé à travers la légende japonaise du « akai ito », un fil rouge symbolisant des connexions invisibles mais indestructibles. L’artiste plasticienne Justine Emard y dévoilera également une scénographie innovante qui combine des sculptures de Rodin avec des éléments de la culture japonaise, comme une tapisserie géante inspirée du film Princesse Mononoke du Studio Ghibli.

Une exposition au cœur des tensions géopolitiques

Dans une période marquée par des tensions géopolitiques croissantes, notamment en Asie-Pacifique, le pavillon français affiche clairement son soutien à Tokyo. « Si l’on veut donner confiance à la jeunesse, c’est en replaçant la technologie dans sa vraie dimension, celle d’une réponse aux besoins fondamentaux de l’homme et de la nature », explique Jacques Maire, commissaire général du pavillon.

Pendant six mois, la France ambitionne d’accueillir trois millions de visiteurs dans son pavillon. Mais les difficultés à écouler les billets de l’Expo-2025 ont illustré la complexité du système d’achats en ligne et le désintérêt des Japonais pour l’évènement. Une semaine avant l’ouverture, la vente totale de billets avait atteint les 8 701 432 billets... pour un objectif de 28 millions de visiteurs sur six mois. « L’Expo est trop tournée vers les Japonais (...) il y a une réelle difficulté à prendre en compte les publics étrangers », regrette Jacques Maire, tout en tablant sur un succès du pavillon français, où il attend de longues queues, le lieu n’accueillant que 2 500 à 3 000 visiteurs par heure.