Un pan de l’histoire antique du Maghreb se révèle. Dimanche 30 mars, la revue britannique Antiquity , a rapporté qu’un village datant de l’âge du Bronze ( -2200 avant J.-C. à - 800 avant J.-C.) a été identifié sur le site de Kach Kouch, au nord du Maroc. Les fouilles, codirigées par Hamza Benattia doctorant à l’Université de Barcelone et par L’INSAP (Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine) révèlent qu’il s’agit du plus vieux village mis à jour dans le Maghreb. Cette découverte remet en question l’hypothèse la plus communément admise, qui suggère que la région était un territoire peu développé jusqu’à l’arrivée des Phéniciens, aux environs de 800 avant J.-C.
Trois phases d’occupations successives
Découvert en 1988, le site de Kach Kouch a fait l’objet d’une première campagne de fouilles en 1992, révélant un habitat datant d’entre le VIIIe et le VIe avant J.-C. Mais les datations radiocarbones réalisées durant cette nouvelle campagne de mise au jour, ont prouvé que le site a connu trois phases d’occupations, dont deux bien plus anciennes. La découverte de trois bouts de tessons en céramique, d’un silex et d’un os de bovins a confirmé que le site a été occupé une première fois au IIIe millénaire avant J.-C., avant d’être abandonné.
Kach Kouch aurait été donc à nouveau peuplé par une centaine d’habitants à partir de 1300 av.J-C. Ces hommes ont développé l’agriculture, en semant du blé ou de l’orge, ont pratiqué l’élevage de chèvres ou de moutons et vivaient dans des habitations en torchis (abris construits à partir d’un mélange de végétations, de terre et de chaux). Les locaux ont laissé beaucoup de traces comme l’attestent les 8000 ossements d’animaux et un fragment de bronze, qui serait le plus ancien retrouvé au Maghreb. La troisième phase d’occupation ou Maurétanienne 1, s’étale entre le VIIIe et le VIIe siècle. Selon les premières hypothèses des historiens archéologues, il y aurait eu des échanges culturels et commerciaux avec les Phéniciens, une civilisation installée et venue des côtes du Liban actuel. Ces derniers auraient apporté notamment à ces habitants du Nord du Maroc la culture de la vigne et de l’olivier. Et aussi quelques modes d’architecture telles que « des maisons carrées ou rectangulaires avec un socle en pierre ».
Vers 600 av. J.-C., sur le site de Kach Kouch les archéologues n’ont plus trouvé de vestiges, de preuves de vie. Cet abandon se serait déroulé de façon « non violente » et « probablement en raison de changements sociaux et économiques » indique au journal britannique The Conversation, le chercheur Hamza Benattia. Mais pour bien comprendre ces interpénétrations civilisationnelles entre ces peuples distants de quelque 4000 kilomètres le chercheur de l’université catalane précise que d’autres lieux certainement chargés d’histoire devront être fouillés puis scrutés: « Les recherches futures pourront révéler l’existence d’autres sites similaires contribuant ainsi à enrichir la compréhension des sociétés préhistoriques du Maghreb ».