Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron va tenter de relancer à Paris un dialogue bloqué

Emmanuel Macron reprend la main dans l'espoir d'un accord. : Emmanuel Macron va réunir à Paris indépendantistes et loyalistes de Nouvelle-Calédonie à partir de la mi-juin, après l'échec des récentes négociations sur l'avenir institutionnel de l'archipel, frappé en 2024 par des violences insurrectionnelles.

"Le président de la République invitera, avec le gouvernement, les parties prenantes de la Nouvelle-Calédonie à venir travailler à Paris à partir de la mi-juin, afin de clarifier les sujets économiques, politiques et institutionnels en vue de parvenir à un accord partagé sur l'avenir de l'archipel", a annoncé l'Élysée mardi 27 mai au soir.

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls avait mené en vain début mai trois jours de négociations dans un hôtel de Deva, à Bourail (centre), pour mettre indépendantistes et non-indépendantistes d'accord sur un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie, frappée à partir de la mi-mai 2024 par des émeutes qui ont fait 14 morts et des milliards d'euros de dégâts, sur fond de crise économique et sociale aiguë.

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L'ancien Premier ministre s'est rendu trois fois sur le "Caillou" depuis son retour au gouvernement en décembre dernier. Les pourparlers de Deva, des négociations à huis clos et non plus seulement des discussions, étaient les premiers du genre depuis 2019, associant toutes les parties en présence, selon l'entourage de Manuel Valls.

Figure du camp non-indépendantiste dans l'archipel du Pacifique sud, le député Renaissance Nicolas Metzdorf reçu vendredi dernier à l'Élysée, avait annoncé à l'issue de la réunion qu'Emmanuel Macron allait prendre "une initiative afin de relancer les discussions" sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Le parlementaire avait évoqué avec le chef de l'État "le blocage politique à l'issue des négociations de Deva".

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls en visite à Pouembout, en Nouvelle-Calédonie, le 1er mai 2025
Le ministre des Outre-mer Manuel Valls en visite à Pouembout, en Nouvelle-Calédonie, le 1er mai 2025 © DELPHINE MAYEUR / AFP/Archives

Ce conclave s'était conclu sur un échec. La frange dure des non-indépendantistes, dont font partie Nicolas Metzdorf et l'ancienne secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté Sonia Backès, avait estimé que le projet de "souveraineté avec la France" présenté par Manuel Valls, qui prévoyait une "double nationalité, française de droit et calédonienne", ainsi qu'un "transfert et une délégation immédiate des compétences régaliennes", équivalait à "l'indépendance" du territoire océanien.

Situation politique figée

Dimanche, Manuel Valls avait réaffirmé être toujours chargé des discussions. "Celui qui s'occupe, à la demande du chef du gouvernement, du dossier de la Nouvelle-Calédonie, c'est le ministre des Outre-mer. C'est moi. Il n'y en a pas d'autre", avait-il martelé sur LCI. Le ministre avait en outre réfuté être "désavoué par quiconque".

Pour Sonia Backès, présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie, "c'est dans la logique des choses que le président de la République prenne cette initiative" de relance du dialogue.

"Il n'était pas sain que la Nouvelle-Calédonie reste sur l'échec des négociations menées par Manuel Valls. Il a fait une erreur de fond : remettre en cause l'intégrité du territoire national sans l'accord du président, et une erreur de forme en proposant l'indépendance alors que les Calédoniens l'ont rejetée par trois fois. Cela donne raison à ceux qui ont organisé les actes violents de l'année dernière", a-t-elle fait valoir à l'AFP.

Les émeutes, les plus violentes depuis les années 1980, étaient survenues le 13 mai 2024 sur fond de mobilisation contre un projet d'élargissement du corps électoral au scrutin provincial calédonien, contesté par les indépendantistes qui accusaient l'exécutif français de vouloir minorer la population autochtone kanak.

Avec AFP