Guerre Hamas-Israël : la jetée provisoire destinée au débarquement d'aide humanitaire a servi pour la première fois

Alors qu’un premier chargement d'aide a été débarqué par la jetée provisoire installée par l’armée américaine, Israël considère «déconnectées» de la réalité les accusations de «génocide» en lien avec ses opérations dans la bande de Gaza. Enfin, de violents combats opposent Tsahal à la branche armée du Hamas dans le Nord, pendant qu’une bataille «décisive» se joue à Rafah, selon Benjamin Nétanyahou. Le Figaro fait le point sur la situation à Gaza ce vendredi 17 mai.

Un premier chargement d'aide humanitaire largué sur la jetée provisoire

Un premier chargement d'aide humanitaire destiné à la population gazaouie a commencé à être débarqué vendredi matin par la jetée provisoire que des soldats américains avaient terminé d'arrimer la veille sur la côte de la bande de Gaza, a indiqué l'armée américaine sur X.

Vendredi «vers 09H00 (06H00 GMT), des camions transportant de l'aide humanitaire ont commencé à débarquer (un premier chargement) par une jetée temporaire» sur la côte de Gaza, dans le cadre «d'un effort multinational pour livrer de l'aide supplémentaire aux civils palestiniens de Gaza via un couloir maritime de nature exclusivement humanitaire», indique le Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Proche-Orient. Le Centcom n'a pas précisé la nature de cette aide.

«Aucun soldat américain n'a été à terre à Gaza», a une nouvelle fois insisté le Centcom. À Washington, le chef adjoint du Centcom, le vice-amiral Brad Cooper, avait annoncé l'arrivée «d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours (...) réparties entre plusieurs bateaux». La construction de la jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncée en mars par le président Joe Biden, face aux restrictions imposées par Israël, allié des États-Unis, à l'acheminement terrestre de l'aide. L'aide sera remise à l'ONU qui «coordonnera sa distribution dans Gaza», avait-il indiqué.

Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a toutefois indiqué jeudi que les négociations se poursuivaient concernant les modalités de la remise de l'aide. «Nous finalisons nos plans opérationnels pour nous assurer que nous sommes prêts à prendre en charge» l'aide, «tout en assurant la sécurité de notre personnel», a-t-il déclaré. Répétant la préférence de l'ONU pour la voie terrestre, il a estimé que l'aide humanitaire «ne peut pas et ne devrait pas dépendre d'une jetée flottante, loin de là où les besoins sont les plus aigus». Que l'aide arrive «par la mer ou par la route, sans carburant elle n'arrivera pas aux gens qui en ont besoin», a-t-il insisté. Selon l'ONU, la famine menace la bande de Gaza.

Les accusations de «génocide» sont «déconnectées» de la réalité, déclare Israël

L'affaire de «génocide» portée contre Israël, dans laquelle l'Afrique du Sud demande à la plus haute juridiction de l'ONU d'ordonner un cessez-le-feu à Gaza, est «totalement déconnectée» de la réalité, a déclaré Israël vendredi devant les juges. «L'Afrique du Sud présente à la cour pour la quatrième fois un tableau complètement déconnecté des faits et des circonstances», a déclaré un représentant d'Israël, Gilad Noam, devant la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye (Pays-Bas). «Une guerre tragique est en cours mais il n'y a pas de génocide».

Pretoria a demandé à la CIJ d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, essentielle selon Israël pour éliminer les militants du mouvement islamiste palestinien Hamas. Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a qualifié de «décisive» jeudi la bataille de Rafah, après l'annonce d'une «intensification» des opérations militaires au sol dans cette ville du sud de la bande de Gaza en dépit des craintes internationales pour la population civile.

Les avocats de Pretoria ont déclaré jeudi devant la CIJ que «le génocide» commis par Israël avait atteint un «niveau horrible», évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l'aide humanitaire. Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Mais la cour n'est pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu. Or pour Pretoria, l'évolution de la situation sur le terrain - notamment l'opération à Rafah - nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.

Pretoria demande à la CIJ trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire, l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948. L'Afrique du Sud souhaite que la cour ordonne à Israël de cesser «immédiatement» toutes les opérations militaires à Gaza, y compris à Rafah.

Gaza: violents combats dans le nord, vers une bataille «décisive» à Rafah

De violents combats opposent vendredi l'armée israélienne au Hamas dans le nord de la bande de Gaza, au lendemain de l'annonce par Israël d'une «intensification» de ses opérations à Rafah, dans le Sud, en dépit des craintes internationales pour la population civile. Au huitième mois de la guerre opposant Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas, l'armée israélienne a livré combat contre des forces palestiniennes dans le camp de réfugiés de Jabalia (nord), également visé par des bombardements aériens et tirs d'artillerie israéliens, selon des témoins.

Six personnes ont été tuées dans leur habitation bombardée, selon la Défense civile palestinienne, dont des équipes tentent de secourir d'autres habitants piégés dans les décombres. À l'extrême sud du territoire palestinien, à Rafah, la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé avoir ciblé avec des tirs d'obus des troupes israéliennes «stationnées au poste frontière» avec l'Égypte.

La côte de cette ville où s'entassent des centaines de milliers de déplacés du conflit est sous le feu de la marine israélienne, selon des témoins, après des frappes nocturnes qui ont fait des blessés, selon l'hôpital koweïtien de la ville. «Des troupes supplémentaires vont entrer» à Rafah et «l'activité (militaire) va s'intensifier», a annoncé jeudi le ministre de la Défense israélien, l'objectif affiché étant d'y anéantir les derniers bataillons du Hamas.

Le premier ministre, Benjamin Nétanyahou, a qualifié de «décisive» la «bataille de Rafah», qui vise aussi selon lui les «échappatoires et voies de ravitaillement» du mouvement islamiste palestinien, voué à la destruction par Israël depuis son attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre, qui a déclenché la guerre. Selon un porte-parole militaire israélien, Nadav Shoshani, «il y a des otages à Rafah», enlevés le 7 octobre. «On opère pour créer les conditions pour les ramener à la maison».