Face aux avancées russes, l’armée ukrainienne dit se replier dans la région de Koursk

Le début de la fin d’une campagne téméraire de sept mois ? Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a suggéré mercredi que ses troupes se repliaient dans la région russe de Koursk, où les forces de Moscou ont revendiqué de rapides gains territoriaux ces derniers jours. «Dans la situation la plus difficile, ma priorité a été et reste de sauver la vie des soldats ukrainiens. À cette fin, les unités des forces de défense, si nécessaire, manœuvrent vers des positions plus favorables», a-t-il déclaré sur Facebook, utilisant une formule habituellement utilisée côté russe comme ukrainien pour signifier un recul.

À la surprise générale, Kiev avait lancé le 6 août 2024 une offensive sur le sol même de l’envahisseur russe, la plus importante depuis le début de la guerre. Jamais une armée étrangère n’avait d’ailleurs mené une si grande opération en Russie depuis l’opération Barbarossa en 1941, lors de la Seconde Guerre mondiale. Tout au long du mois d’août, les brigades ukrainiennes engagées ont conquis plusieurs localités russes, jusqu’à contrôler des centaines de kilomètres carrés de cet oblast frontalier.

Mais à partir du mois de septembre, la tendance s’est inversée avec le lancement d’une contre-offensive russe. Ces derniers jours, la Russie a mené une série d’attaques concentriques et coordonnées tout autour du saillant, qui s’est trouvé réduit comme peau de chagrin. Il faisait près de 1200 km2 au pic de l’offensive éclair lancée par les forces ukrainiennes début août. Il y a un mois, il ne faisait déjà plus que 440 km2. Et 390 km2 il y a une semaine. Ce lundi, le site Deep State donne le chiffre de 288 km2, mais un haut gradé français évoque plutôt celui de 200 km2. En réalité, la poche ukrainienne se résume aujourd’hui à la seule petite préfecture de Soudja – 4000 habitants environ – reliée au territoire ukrainien par une seule autoroute, la H07 qui devient la R200 en Russie.

Une opération russe audacieuse

Ce week-end, les forces russes ont lancé un assaut secret et audacieux, qui s’est soldé par un brillant succès selon les médias russes ou par de lourdes pertes selon les médias ukrainiens. Les images diffusées par les médias étatiques russes montraient des soldats courbés et recouverts de boue, manœuvrant à la lumière des lampes à l’intérieur d’un tuyau de gazoduc à l’arrêt. L’opération visait à frapper derrière les lignes ukrainiennes dans la région de Koursk. «L’ennemi bat en retraite dans la panique et le désordre (...) C’est un effondrement», lançait à la télévision russe un militaire répondant au nom de guerre «Zombie», commandant à l’origine de l’audacieuse opération du gazoduc.

Selon lui, cet assaut a permis à quelque 800 soldats russes de traverser le tuyau pour s’infiltrer derrière les lignes ukrainiennes, permettant in fine la prise de plusieurs localités. Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a lui assuré lundi que la situation était «sous contrôle» et ordonné l’envoi de renforts. Mais un militaire ukrainien, qui a supervisé les opérations de son unité déployée à Koursk, a indiqué à l’AFP que les Russes «s’étaient dispersés dans la zone», y «bloquant des routes» et «faisant sauter des ponts», ce qui a grandement entravé les mouvements des troupes de Kiev.

Parallèlement, des vidéos montrant la reddition de soldats ukrainiens ont émergé sur les réseaux sociaux. Selon les correspondants militaires russes, les troupes de Moscou se trouvaient mardi aux portes de Soudja, petite ville qui constitue la principale position ukrainienne dans la région de Koursk. «Les combats pour Soudja ont lieu à l’heure actuelle», a rapporté mardi soir le compte russe Rybar, proche de l’armée du Kremlin. La chaîne russe Pervy Kanal a également diffusé dans la soirée un reportage montrant l’un de ses correspondants de guerre filmé devant une grande borne marquant l’une des entrées de la ville. Des observateurs se sont alarmés ces derniers jours de voir sous le feu russe les seules voies permettant aux forces ukrainiennes d’être ravitaillées dans la région de Koursk.