La scène islandaise embrase la musique classique
Dans la pénombre de la salle on ne voit qu’elle. Pull rose, grâce de danseuse, bras en croix, elle sculpte l’air de ses doigts agiles. Tapie sur un fauteuil de la cinquième rangée. Agrippant les notes invisibles tandis que flûtes et clarinettes entament leur descente depuis l’éther. Un son irréel d’un envoûtant lyrisme. «Lent bisbigliando», indique la partition. Signifiant que chaque interprète est ici appelé à varier le plus subtilement possible les hauteurs de son en alternant les doigtés.
Ces effets de son et ces jeux de textures, Anna Thorvalsdottir en a fait sa signature. Sur le conducteur d’Archora, pièce symphonique d’une vingtaine de minutes dont l’Orchestre de Paris assurait cette semaine la création française, on peut lire cinq pages de notes en préambule. Il ne s’agit pas tant de notes d’intention que d’indications extrêmement précises à l’adresse des interprètes. Sur le type de sonorité voulue dans tel passage. La manière d’appréhender la durée de tel glissando. Les nuances dynamiques…