«Meta est mortel» : le groupe fait face à un procès à 2,4 milliards de dollars, accusé d’avoir attisé la violence en Éthiopie

«Meta est mortel» : le groupe fait face à un procès à 2,4 milliards de dollars, accusé d’avoir attisé la violence en Éthiopie

Mark Zuckerberg, le PDG de Meta à Washington. DC, le 31 janvier 2024. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Les plaignants demandent également la modification de l’algorithme du réseau social ainsi que des efforts supplémentaires pour renforcer la modération en Afrique.

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Au Kenya, deux ressortissants éthiopiens demandent 2.4 milliards de dollars (2.2 milliards d’euros) au groupe Meta, l’accusant d’avoir entretenu la violence dans leur pays. La firme de Mark Zuckerberg avait estimé que les tribunaux kényans n’étaient pas compétents pour traiter ces plaintes datant de 2022. Pourtant, ce jeudi, la Haute Cour de Nairobi a déclaré la justice du pays compétente pour poursuivre le géant américain.

Les deux Éthiopiens demandent notamment à Facebook de modifier son algorithme pour endiguer la promotion de contenus haineux incitant à la violence. Ils voudraient que davantage de modérateurs soient embauchés en Afrique et cherchent également à obtenir un « fond de restitution » de 2,4 milliards de dollars pour les victimes de violence attisées par l’algorithme du réseau social. Selon The Guardian, l’un des deux plaignants est Abraham Meareg, le fils du professeur Meareg Amare Abrha qui a été assassiné à son domicile en Éthiopie après la publication de son adresse et de messages menaçants sur Facebook en 2021 pendant la guerre du Tigré.

Meta n’est pas «au-dessus des lois africaines»

«Je suis reconnaissant de la décision du tribunal aujourd’hui. Il est honteux que Meta pense qu’ils ne devraient pas être soumis à l’État de droit au Kenya. Les vies africaines comptent», a déclaré Abrham Meareg. L’autre plaignant, Fisseha Tekle, est un ancien chercheur d’Amnesty International. Il a reçu des menaces de mort sur Facebook après avoir publié des rapports sur les violences commises pendant le conflit survenu dans le nord de l’Éthiopie. «Meta ne peut pas réparer les dégâts qu’il a causés, mais il peut radicalement changer la façon dont il modère les contenus dangereux sur toutes ses plateformes pour s’assurer que personne d’autre n’ait à subir ce que j’ai subi. J’ai hâte que cette affaire soit maintenant entendue dans son intégralité par le tribunal», a-t-il indiqué.

La plainte est soutenue par des organisations à but non lucratif comme Amnesty International et Foxglove. «Meta est mortel. Son algorithme valorise la violence», accuse Rosa Curling, la directrice exécutive de l’organisation, à RFI. Elle rappelle que le groupe Meta n’est pas «au-dessus des lois africaines»L’Institut Katiba, une ONG basée au Kenya et qui est spécialiste de la constitution, a décidé de rejoindre la liste des plaignants dans cette affaire.

En 2022, une analyse du Bureau of Investigative Journalism et de The Observer avait révélé que Facebook continuait de laisser ses utilisateurs publier du contenu incitant à la violence et à la désinformation en Éthiopie. Pourtant censé savoir que cela alimentait les tensions dans le Tigré, l’entreprise avait rejeté ces allégations à l’époque. Elle affirmait par exemple qu’elle avait «investi dans des mesures de sûreté et de sécurité» ainsi que dans des «mesures agressives pour arrêter la propagation de la désinformation». Trois ans plus tard, Mark Zuckerberg annonçait supprimer ses programmes de fact-checking aux États-Unis et dans le monde, accusant de « censure » et de « parti pris » les 80 organisations enrôlées depuis 2016 par son groupe.