Qui est Bernard Fontana, pressenti pour être le nouveau patron d’EDF ?

Un capitaine d’industrie pour prendre la tête d’EDF. L’Élysée a décidé de mettre fin prématurément au mandat de Luc Rémont à la présidence de l’électricien vendredi, sur fond de divergence autour du prix de vente de l’électricité nucléaire, et propose à sa place la nomination de Bernard Fontana. Ce polytechnicien de 64 ans était depuis 2015 le directeur général de Framatome, filiale d’EDF et ancienne branche réacteurs du groupe Areva. Il a également occupé des postes de direction chez la SNPE, ArcelorMittal, Aperam et Holcim.

Né à Madagascar, diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Techniques Avancées (ENSTA) après être sorti de l’X, Bernard Fontana a fait toute sa carrière chez des poids lourds de l’industrie, et plus particulièrement dans les secteurs de la chimie, de l’acier et des matériaux de construction. Il débute à la Société nationale des poudres et des explosifs (SNPE), où il gravit les échelons jusqu’à prendre la présidence de SNPE Inc aux États-Unis, avant de devenir directeur général adjoint du groupe. «J’ai eu à gérer les conséquences de l’explosion d’AZF et la réouverture partielle des entités que nous possédions à proximité», raconte-t-il dans un entretien sur le site de la Confédération Amicale des Ingénieurs de l’Armement. En 2004, il rejoint l’aciériste Arcelor au Luxembourg, qui vient d’être créé par la fusion de trois sidérurgistes européens.

Fusion réussie avec Lafarge

«J’ai eu le sentiment de vivre l’Europe du charbon et de l’acier, côté industriel, explique-t-il. Je me suis battu pour Arcelor, et donc contre le rachat par Mittal.» Il est finalement promu responsable des aciers pour l’automobile de la nouvelle entité, Arcelor Mittal, puis directeur des ressources humaines du groupe à Londres. En 2010, il prend la tête d’ArcelorMittal Stainless Steel Division, spécialisé dans les aciers inoxydables. L’entreprise est séparée du groupe et entre en bourse sous le nom de Aperam. Deux ans plus tard, un chasseur de têtes propose à Bernard Fontana le poste de PDG du cimentier suisse Holcim, dont il assure la fusion réussie avec Lafarge en 2015. Parce qu’il ne «se sentai[t] pas d’être numéro 2 après cette fusion», il revient en France, dans le nucléaire, en reprenant la branche d’Areva qui est devenue Framatome en 2018.

Framatome connaît alors de grosses difficultés financières après l’échec de certains investissements et à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima (Japon) en 2011. Bernard Fontana contribue à son redressement en recentrant l’activité sur la conception, fabrication et maintenance de chaudières et combustibles nucléaires. «Dans ce secteur, la souveraineté n’est pas un vain mot, observe le dirigeant. Les deux mondes du nucléaire et de la défense sont liés : on y trouve des compétences et des technologies de pointe et parfois communes, de l’engagement, un univers contraint où il faut délivrer...» Sa nomination à la tête d’EDF doit encore être validée par le Parlement, conformément au cinquième alinea de l’article 13 de la Constitution. «La présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat sont saisis de ce projet de nomination», explique l’Élysée dans un communiqué.