S’échauffer la voix, comme tous les acteurs, avant de monter sur scène: «Gros gras grand grain d’orge, quand te dégros-gras-grand-grain-d’orgeras-tu ?» Avant de regarder la salle par un interstice du rideau. Du moins s’il y en a un. Pas comme à L’Essaïon où Fabienne Périneau a fait ses débuts. Là, il s’agissait jusqu’au dernier moment de se concentrer, répéter son texte encore et encore, prier Dieu sait qui pour ne pas savonner (bafouiller), balbutier, oublier un mot. Perte de mémoire, le cauchemar d’un comédien de théâtre. Fabienne Périneau connaît tout cela par cœur. Elle travaille d’arrache-pied tant elle est habitée par Agatha.
Une pièce de Marguerite Duras que, contrairement à la réputation de l’écrivain de vouloir tout contrôler, cette dernière a accepté de confier au metteur en scène Thierry T. Pourquoi lui? Surtout en raison de Fabienne, la jeune débutante qu’il a enregistrée sur un magnétophone durant une semaine, tandis qu’elle persuadait son professeur et les élèves du Cours Florent…