PSG : «Le classement en Ligue des champions n’est pas mérité», martèle Luis Enrique, toujours «optimiste»

Si le niveau de la Ligue 1 permet de tirer des enseignements en vue de la Ligue des champions : «Sans aucun doute. En plus, qu’est-ce qui peut vous faire penser que le championnat de France n’a pas le niveau suffisant ? Regardez où sont Monaco, Brest et Lille dans le classement de la C1 . Ça fait déjà pas mal de temps que tout ce qui nous entoure est négatif, pour x ou y raison. J’essaie pour ma part de voir les choses de manière positive. Ça me suffit pour savoir que demain (samedi), contre Nantes, ce sera un match pour répéter des comportements qu’on veut voir en Ligue des champions. Et ce sont d’ailleurs déjà des choses que je vois en C1. Il est évident que les résultats ne sont pas ceux que l’on souhaite. Mais on a une marge de progression dans toutes les compétitions.»

Son sentiment par rapport à la construction de l’équipe et au projet : «Je me sens en confiance. Le classement en Ligue des champions  n’est pas mérité, on devrait avoir au moins neuf points. Je ne me cache pas non plus, notre nombre de points reflète les scores. Mais je ne suis pas négatif. Ce que je vois me plaît. Ce que j’ai vu à Munich m’a plu. Ça n’a pas été suffisant pour obtenir quelque chose de positif, surtout la dernière demi-heure, à 10 sur le terrain, mais on a continué à être à la hauteur. On peut s’améliorer dans tous les aspects mais je suis très optimiste, pas pessimiste.»

L’état d’esprit du groupe : «Les résultats en Ligue des champions ont des répercussions, c’est sûr, mais pas sur moi, je ne lis pas la presse, ni quand on gagne ni quand on perd. Tout ce qui se dit à l’extérieur affecte les joueurs, nous sommes des êtres humains, mais je me concentre sur ce que l’équipe doit faire. La situation est similaire à celle de l’an dernier. Notre rendement est meilleur cette année que la saison dernière. Et la saison dernière, on faisait partie des quatre meilleures équipes d’Europe (le PSG a atteint le dernier carré de la C1, NDLR). Qui peut dire si nous serons capables de nous qualifier, de tenir ce rang ? Pas grand-chose de plus à dire…»

Un message aux supporters impatients : «Je n’ai rien à dire aux supporters. On a des supporters qui font partie des meilleurs. Ils sont spectaculaires au Parc des Princes, il n’y a jamais eu un seul match où ils nous ont sifflés, ils ont toujours été parfaits de la première à la dernière minute. Tout ce que je peux garantir, c’est que les joueurs qui enfileront le maillot du PSG vont tout donner sur le terrain. Et si des joueurs aussi bons que les miens donnent tout sur le terrain, c’est dur de les siffler. Je me charge du reste. Si un joueur ne donne pas le maximum, il sort et un autre prend sa place. Que dire aux supporters, à part les remercier de nous soutenir et espérer qu’ils vont continuer.»

Jouer avec un 9 n’est pas la panacée pour moi, pas plus que de jouer avec un faux 9 d’ailleurs.

Luis Enrique

Le retour de Gonçalo Ramos, un vrai 9 : «Ce que ce profil va apporter par rapport aux faux 9 ? Ce sont des situations différentes dans le jeu. En fonction de ce que fait l’adversaire, de ce qui nous intéresse, ce sont des aspects différents. Jouer avec un 9 n’est pas la panacée pour moi, pas plus que de jouer avec un faux 9 d’ailleurs. Aucun des deux cas n’est idéal, ça dépend de la forme du 9, des situations dans chaque match… Je continuerai de jouer avec un 9 ou un faux 9 quand je considérerai que l’un ou l’autre est le plus opportun, ce n’est pas compliqué.»

Le PSG de Luis Enrique qui s’adapte beaucoup en C1 : «Je ne m’adapte pas à l’adversaire. Si tu veux gagner à Munich contre le Bayern, c’est compliqué. C’est l’un des favoris à la victoire finale. On a exercé la même pression que d’habitude et en fonction de notre état et des circonstances du match, j’ai essayé de changer des choses. Pour moi, l’équipe a été digne de ma confiance, elle a récupéré le ballon dans le camp adverse, on a rendu les choses compliquées pour le Bayern. En fait, je n’ai pas vu d’équipe qui a plus gêné le Bayern que nous jusqu’ici. J’ai davantage confiance que vous, qui jugez par rapport aux résultats, je le comprends, je l’accepte, mais j’ai aimé mon équipe. On est allé à Munich pour gagner. Après, que l’adversaire soit plus ou moins bon que vous, avec plus ou moins de réussite, c’est ce qu’on a vu.»

Son analyse à froid du match à Munich : «Vous insisterez sur ce qui vous intéresse, mais après avoir analysé le match, mon équipe a montré un beau visage, elle a résisté, pressé, on les a gênés, on leur a fait perdre des ballons… C’est sûr qu’on aurait pu faire mieux en début de match par rapport à leur pressing, très agressif, très puissant. Mais on a tout de même eu de bonnes situations dans ce premier acte, avec Warren (Zaïre-Emery) et Ousmane (Dembélé) deux fois. Ils ont aussi eu des occasions nettes. Et on a encaissé ce but. On a changé des choses en début de seconde période, mais le Bayern a dominé à un de plus sur le terrain. Et même à 10 contre 11, on est resté dans le match. Il y a eu plus de choses positives que négatives dans ce match mais le résultat conditionne l’interprétation finale. Je suis satisfait de ce que j’ai vu. Mais comme je l’ai dit mardi soir, toutes les défaites et tous les matchs donnent beaucoup d’informations  à l’entraîneur. Elles s’additionnent les unes aux autres et conditionneront mes décisions à l’avenir.»

Tous les joueurs ne peuvent pas jouer au PSG.

Luis Enrique

Quelle responsabilité pour les joueurs et où le PSG se situe dans l’avancée du projet : «Je prends la responsabilité des défaites. Les victoires sont celles des joueurs. Je le dis depuis le début, les joueurs font ce qu’il y a de plus difficile. Et quand il y a un problème, c’est moi le responsable parce que mes décisions sont importantes. Mais la victoire leur appartient. On le sait, c’est comme cela que ça fonctionne. Pour le reste, je responsabilise mes joueurs depuis le premier jour. Je le fais dans le vestiaire, pas publiquement. Je suis d’une autre génération, je vis les choses d’une manière différente, mais je responsabilise mes joueurs quand je suis face à eux par rapport aux choses qu’ils font mal. Mais pas publiquement parce que ça n’aurait pas de sens. Ne croyez toutefois pas que les joueurs n’ont pas de responsabilité, ils ont une grande part de responsabilité. Ce que l’équipe répète au fil des matchs et des saisons est de ma responsabilité, avec mes décisions, que bien souvent personne ne comprend. Tout cela s’appuie sur un certain nombre de choses, les performances à l’entraînement, en match, le comportement personnel aussi. L’important n’est pas seulement de bien jouer au football mais aussi de bien représenter le club, la ville. Tous les joueurs ne peuvent pas jouer au PSG, il ne suffit pas d’avoir des qualités physiques et techniques. Il faut du courage, des valeurs, un comportement… Pour répondre à la question concrètement, je ne sais pas à quelle étape du projet on se situe. Je suis au début de la deuxième saison, c’est la réalité. Combien de temps ça va durer ? Je ne sais pas. Ça peut durer cinq, six ou sept ans, deux, trois ou quatre. Je ne sais pas mais ça ne m’inquiète pas. Je suis là pour faire en sorte que l’équipe ait une identité, qu’elle gagne ou qu’elle perde. Que les supporters se disent qu’on a toujours lutté. Après, qu’on gagne ou qu’on perde, je ne peux pas le garantir.»

L’intelligence artificielle dans le football : «Paris l’utilise déjà. Reste à savoir si on le rend public, si on le généralise. Ça fait longtemps qu’on travaille avec ce genre de données. David Baron travaille là-dessus, on a le contrôle sur beaucoup de choses. Ensuite, quelle partie de l’IA est véritablement utile, on est dans ce processus, on le découvre, mais en tant qu’entraîneur, pour mon staff et Luis Campos, on aime beaucoup cela. On utilise aussi l’IA pour la signature des joueurs, par rapport à leur rôle, ce qu’on attend, on essaie de voir comment les joueurs se comportent dans leur autre équipe. Après, la question est de savoir si on en fait l’apologie, est-ce qu’on le montre. Ce qui est important n’est pas forcément de le montrer mais d’en sortir des choses positives. Il y a encore beaucoup d’incertitudes là-dessus mais on travaille déjà avec ces outils.»

Les difficultés de Kylian Mbappé au Real : «Bien essayé, bien tenté, mais vous savez que je ne parle jamais de joueurs qui ne portent pas le maillot du PSG.»

Les informations glanées lors du match à Munich : «Je pourrais le dire... mais ça romprait le pacte, le linge sale se lave dans le vestiaire. Je suis très transparent dans les informations que je donne aux joueurs. Je suis assez permissif mais j’expose clairement l’objectif. Il n’y a pas de marge de négociation. Vous (les journalistes) devez attendre que le temps passe pour voir les décisions que je prends.»  

La polyvalence : «On a recruté des joueurs qui ont permis de gagner en polyvalence l’été dernier. C’est très positif d’avoir des joueurs qui peuvent évoluer à plusieurs postes et c’est finalement assez dangereux pour les joueurs de ne pouvoir évoluer qu’à une position. Ça nous apporte plus que ça ne coûte d’avoir des joueurs polyvalents. La polyvalence sera l’une des caractéristiques de l’effectif tant que je serai là. J’aime cela. Je préfère avoir ces possibilités par rapport à une longue saison. Imaginez une finale de Ligue des champions et vous êtes privés de deux joueurs qui sont les meilleurs à leur poste ne peuvent pas jouer. On a des options, des joueurs qui peuvent jouer à un très haut niveau à plusieurs postes. Peut-être pas à leur meilleur niveau à tous les postes mais ça apporte plus que ça ne coûte.»

S’il est ouvert à des changements de système : «Ça fait longtemps qu’on a arrêté de travailler en termes de systèmes de jeu, on travaille en fonction de l’occupation des espaces, en défense et en attaque. En défense, on s’adapte à l’adversaire parce qu’on veut lui prendre le ballon le plus vite possible. On peut changer de structure en fonction de ce que fait l’adversaire. On occupe les espaces en fonction d’où est le ballon. Ce sont des espaces qui tournent et on change notre positionnement pour gêner l’adversaire. Je ne parle jamais de système, je parle de la façon d’occuper les espaces. Je donne parfois plus de liberté, je peux demander à l’ailier de jouer plus ou moins à l’intérieur. Le travail au quotidien à l’entraînement permet que ce soit fluide et ça permet que les joueurs puissent évoluer à différents postes. Quand tu as des joueurs qui ont la qualité qu’ont les miens, les adversaires ne savent jamais où aller marquer l’ailier par exemple. Cette saison, on a encore plus d’occasions, on marque plus, sauf en Ligue des champions.»

Les Nantais n’ont rien à perdre et c’est une motivation supplémentaire pour toutes les équipes de venir jouer chez le leader, au Parc des Princes.

Luis Enrique

Le FC Nantes : «Après avoir analysé Nantes, on constate qu’ils ont moins de points que ce qu’ils mériteraient. Ils sont dans une situation délicate mais ils devraient être dans le milieu de tableau. Mais quand on voit ce qu’ils ont créé sur les matchs précédents… Ils arrivent avec une série de défaites, leur état d’esprit ne sera peut-être pas au plus haut, mais je m’attends à un match difficile. L’an dernier, ils ont été durs à jouer. Ils n’ont rien à perdre et c’est une motivation supplémentaire pour toutes les équipes de venir jouer chez le leader, au Parc des Princes. Je m’attends à un match compliqué. On doit continuer de gagner et de prendre les bonnes habitudes pour les matchs de Ligue des champions qui arrivent. J’espère qu’on affichera un visage intense et qu’on montrera que, oui, on a besoin de prendre des points en Ligue des champions, et qu’on commence à le faire en L1, contre Nantes.»

Transmettre son optimisme aux joueurs : «Évidemment. J’ai confiance parce que je n’ai raté aucune passe, je suis sur la touche. Ai-je fait des erreurs ? Probablement. Mais il faut prendre les décisions avant le match. Après, quand il pleut tu peux toujours regretter de ne pas avoir pris un parapluie, mais ce n’est pas grave, c’est mon travail, j’adore prendre des décisions quand il faut les prendre. Je n’ai pas de difficulté à prendre des risques. J’aime le risque. En fonction du résultat, les joueurs peuvent être plus ou moins en confiance, mais avec tout ce qui nous entoure, c’est normal qu’on ait plus de doutes en Ligue des champions. J’essaie de leur transmettre ma confiance mais c’est à travers les résultats que les choses se passent bien. On travaille sur ce qui ne va pas. Mais le foot est passionnant et permet tous les scénarios. Il n’y aura pas une minute de nos prochains matchs, notamment en C1 et en L1, où on n’aura pas l’ambition d’être meilleurs que l’adversaire, c’est notre volonté.»

Propos recueillis en conférence de presse