«On sort les propos de leur contexte» : Macron s’explique après ses déclarations polémiques sur le «brainwashing» des «faits divers»
Des propos qui tombent au plus mal. En amont de la conférence de l’ONU sur les océans, qui s’est ouverte lundi à Nice (Alpes-Maritimes), Emmanuel Macron s’était longuement entretenu avec la presse régionale. L’occasion pour le président de la République de se présenter comme la «vigie» de l’écologie au sein de la classe politique, au moment où «certains préfèrent brainwasher (opérer un lavage de cerveau, NDLR) sur l’invasion du pays et les derniers faits divers», au grand dam du «combat pour le climat».
Dans son viseur : la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) et la suspension provisoire de MaPrimeRénov’, ce dispositif d’aide à la rénovation énergétique en vigueur depuis cinq ans. Une manière, aussi, pour le chef de l’État d’appeler son camp et certains membres du gouvernement à se saisir plus fermement de la question environnementale plutôt que de se prêter, selon lui, à une surenchère sécuritaire et judiciaire, sur fond de concurrence exacerbée à l’approche de l’élection présidentielle de 2027.
Si la droite nationaliste a unanimement condamné ces propos, accusant le président de la République de «déconnexion» et de «mépris» - une semaine après la mort d’un jeune de 17 ans à Dax, lors des violences ayant perturbé les festivités de la victoire du PSG en Ligue des Champions -, ils ont été remis en lumière ce mardi à la suite du meurtre d’une surveillante poignardée par un élève à l’entrée d’un collège à Nogent (Haute-Marne). «Hier, vous dénonciez “ceux qui brainwashent sur les derniers faits divers”. Les Français subissent à la fois la violence d’en bas et le mépris d’en haut», a épinglé le patron du Rassemblement national Jordan Bardella, interpellant directement Emmanuel Macron.
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Le président, justement, a clarifié ses déclarations initiales dans la soirée. Invité de France 2 dans le cadre d’une émission sur les océans, il a assuré être dans «l’accompagnement, l’affection, et dans l’action» face à ce drame. «Comme toujours, on sort les propos de leur contexte. (...) J’ai dit qu’il y a des moments d’indignation sur l’écologie et ensuite ça sort complètement du débat public», a développé Emmanuel Macron, dénonçant à cet égard «une tyrannie du fait divers». «Il y a des gens qui regardent la télévision ou les réseaux sociaux qui sont dans une société de l’information qui passe d’un fait divers à l’autre, a-t-il grincé. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas avoir de la considération pour ces personnes qui vivent cela (des drames), accompagner les familles, qu’il ne faut pas réagir de manière intraitable.»
Pour le président, cette atmosphère est alimentée à la fois par certains journalistes et des partis politiques «qui considèrent que c’est bon pour eux d’être tout le temps» dans une logique de surexploitation des faits divers. «Ils finissent par rendre les gens fous parce que les gens ont le sentiment de passer d’un fait divers à l’autre, en passant des punaises de lit le matin à un drame qui s’est passé la journée», a encore persiflé Emmanuel Macron, visant, entre les lignes, les chaînes d’informations en continu.
Fort de ce constat, le chef de l’État a plaidé pour «une forme de discipline collective, qui est de commenter l’actualité, mais aussi de parler des sujets de fond». «On ne peut pas avoir un débat politique qui devient du suivisme de l’actualité», a-t-il tonné, avant de certifier «être aux côtés des victimes, (à) répondre de manière intraitable», tout en répétant sa volonté de «s’attaquer aux causes profondes si on veut une société qui avance».