Donald Trump en Ecosse : une "diplomatie du golf" qui dérange les locaux

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À Turnberry (Écosse), il est chez lui. À peine arrivé en Écosse, samedi 26 juillet, impossible pour Donald Trump de manquer l'occasion d'aller golfer dès le matin, sur les greens qui lui appartiennent. Ces terrains achetés il y a plus de dix ans ont été arrachés après une longue lutte avec les riverains, qui se seraient bien passés de ce voisin milliardaire.

C'est le cas de David Milne, qui est aux premières loges pour observer le ballet des voiturettes de golf. Sa maison est en plein milieu du premier parcours de golf écossais de Donald Trump. Et lui aussi s'est frotté au businessman qui voulait racheter sa propriété pour 200 000 euros, la moitié de sa valeur estimée. "Ils nous ont demandé pourquoi nous ne voulions pas déménager. On les a donc emmenés ici et on leur a montré la vue. Quelques mois plus tard, au beau milieu de la journée, ils sont venus et ils ont planté tous ces pins. Des arbres adultes, pas des jeunes pousses, serrés comme une haie, qui nous bloquaient la vue", raconte-t-il.

Des promesses alléchantes

Pour lui, les autorités locales ont autorisé le milliardaire à construire ici à cause de ses promesses alléchantes. "Il a entourloupé les médias et les politiciens en leur faisant croire que le projet était trop important pour être refusé. C'est le jeu auquel il a joué et avec beaucoup de succès, je dois dire", poursuit David Milne.

À l’époque, Donald Trump frappe fort avec ses promesses : un milliard de livres d'investissement, 6 000 emplois et de nouveaux logements. Mais aujourd'hui, moins de 100 personnes travaillent ici. "Je ne connais personne du coin qui y travaille", confie une riveraine. "Avant, on pouvait marcher des kilomètres dans les dunes avec de magnifiques petites rivières à l'état sauvage. Maintenant, il n'y a plus que des terrains de golf à perte de vue. Donc oui, désolée, mais je suis déçue", déplore une autre.

Car désormais, entre les imposantes dunes de sable de la côte écossaise, on trouve plus de 550 hectares de greens parfaitement arrosés, parfois clôturés et surveillés. Un désastre environnemental selon Martin Ford, un ancien conseiller municipal écologiste de Balmedie (Ecosse). "Ces dunes étaient classées site d'intérêt scientifique, mais depuis, elles ont été déclassées car le site ne présente plus aucun intérêt scientifique. Ce n'est qu'un terrain de golf", explique l'ex-élu.

Un terrain de négociations

Un terrain de golf, mais surtout un terrain de négociation, pour des enjeux bien plus colossaux. Officieusement, Donald Trump espère obtenir le soutien de Keir Starmer pour qu'un de ses golfs accueille le tournoi du British Open, monnaie d'échange potentielle contre des droits de douane moins élevés pour le Royaume-Uni. C'est aussi ici qu'il a convié Ursula von der Leyen pour négocier les accords commerciaux avec l'Union européenne.

Une "diplomatie du golf" que le président américain pratique aussi régulièrement aux Etats-Unis. "Donald Trump se sert de ces occasions pour faire passer ses messages à ses interlocuteurs. Et les autres hommes politiques pensent que s'ils peuvent le rencontrer dans le cadre du golf, il sera peut-être plus disposé à aborder des sujets dont il ne parlerait pas devant les caméras", analyse Sean Fergusson, secrétaire golf et business chez "Fore" Business.

Quel que soit le jeu auquel joue Donald Trump avec ses golfs, il ne plaît pas vraiment aux Ecossais. Pas moins de 70% des habitants du pays ont une opinion défavorable du milliardaire, bien plus que partout ailleurs au Royaume-Uni.