EN DIRECT - Visite de Xi Jinping en France : la guerre en Ukraine et le commerce au menu des discussions
Hayer appelle à «un dialogue de vérité» avec la Chine sur ce qui pourrait être un «génocide» des Ouïghours
La tête de liste de la majorité macroniste aux élections européennes Valérie Hayer était interrogée lundi sur Sud Radio au sujet de la visite d’État chinoise. Elle n’a pas hésité à parler de «génocide» contre la minorité musulmane des Ouïghours. «Quand on parle d'internement, quand on parle de stérilisations forcées, d'effacement de la langue et de la culture... oui, on peut penser qu'il s'agit d'un génocide (...) même si c'est à la justice internationale de trancher», a répondu Valérie Hayer, appelant à avoir «un dialogue de vérité» avec le président chinois Xi Jinping sur cette situation «insupportable».
Sur le plan commercial, la candidate aux européennes reconnaît «qu'on a été trop naïfs avec la Chine pendant trop de temps» mais a assuré que l'UE était «en train de changer de braquet». «Il faut qu'on mette en place un bouclier commercial européen. C’est-à-dire, réciprocité, préférence européenne et en cas d'agression commerciale de la part de ’partenaires’, nous devons avoir des tarifs douaniers qui permettent de contrer ces agressions».
Glucksmann reproche au président de «dérouler le tapis rouge» de façon «obséquieuse» à un «dictateur»
Dans une tribune parue dans Le Monde, le député européen Raphaël Glucksmann, fervent défenseur de la cause des Ouïghours, appelle Emmanuel Macron à être «ferme» face à la Chine. «Il ne s'agit pas de ne plus parler à la Chine ou de ne pas recevoir de dirigeants chinois, mais il s'agit d'être ferme, de ne pas se taire face aux crimes commis là-bas ou aux attaques menées ici, d'assumer les rapports de force», écrit la tête de liste PS-Place publique aux européennes.
Raphaël Glucksmann reproche au président de «dérouler le tapis rouge» de façon «obséquieuse» à un «dictateur», qui appuie «financièrement et diplomatiquement» la guerre menée par le président russe Vladimir Poutine en Ukraine. De plus, la Chine exerce selon lui une «mainmise» sur la fabrication des produits consommés en Europe, en particulier «dans les secteurs stratégiques de la transition écologique» (solaire, véhicules électriques). Ce à coups de «subventions massives» et de «ventes à perte» visant à «éradiquer nos capacités de production en Europe».
«Qu'avez-vous obtenu en passant sous silence la déportation du peuple ouïghour, en faisant comme si des millions d'êtres humains n'étaient pas parqués dans des camps, stérilisés, torturés, réduits en esclavage?», s'insurge celui qui a dirigé la Commission spéciale sur les ingérences étrangères du Parlement européen. «Flatter un Empire autoritaire fondamentalement hostile aux intérêts et aux principes de nos nations ne nous rapporte rien et nous coûte beaucoup. Il n'y a pas de réalisme dans cette position, mais du narcissisme et du court-termisme».
Première tournée européenne de Xi Jinping depuis 2019
Le président chinois vient célébrer les 60 ans de relations diplomatiques entre la France et la Chine. Mais il profite de l'occasion pour effectuer une tournée en Europe, la première depuis 2019.
Le numéro un de la superpuissance asiatique a organisé sa tournée sous le sceau de l'équilibre diplomatique: après l’Hexagone, il se rendra en Serbie et Hongrie, deux pays restés proches de Moscou.
De Paris aux Pyrénées, un programme politique et diplomatique chargé
Après avoir été accueilli dimanche par le premier ministre Gabriel Attal, le président chinois est attendu ce lundi matin à 10h30 à l’Elysée pour y être reçu par Emmanuel Macron, ainsi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. L’objectif est d’évoquer les différends commerciaux. entre la Chine et l’UE.
L'après-midi, après une cérémonie protocolaire d'accueil en grande pompe aux Invalides, et avant un banquet à l'Élysée, Emmanuel Macron et Xi Jinping se retrouveront en tête-à-tête pour la séquence la plus politique, puis s'exprimeront devant la presse.
Mardi, c’est dans les Pyrénées que le président français emmènera son homologue, à l'occasion d'une escapade plus personnelle entre les deux hommes, accompagnés de leurs épouses. L'objectif de ce déjeuner sur le col du Tourmalet, là où, enfant, il passait ses vacances chez sa grand-mère, est éminemment diplomatique: casser l'imposant protocole pour instaurer un dialogue plus direct, notamment sur l'Ukraine.
Xi Jinping en visite en France pour parler commerce et Ukraine
Le président chinois Xi Jinping est arrivé dimanche en France pour une visite d'État de deux jours. Il assure vouloir «œuvrer» avec son homologue français Emmanuel Macron à «résoudre la crise» en Ukraine et continuer à investir dans l'Hexagone.
Emmanuel Macron, qui s'est concerté en amont avec le chancelier allemand Olaf Scholz, entend pour sa part prôner la «réciprocité» commerciale et la recherche d'une résolution de la guerre en Ukraine face à un président chinois qui continue d'afficher son soutien à la Russie.