COUPS DE CŒUR
Les Bleues tombent les armes à la main
On leur prédisait une raclée, une déroute magistrale face à l’ogre anglais. Il n’y en a rien été, loin de là. Les Bleues, en larmes lors de la Marseillaise, ont été admirables de courage et de solidarité, elles ont fait front et réussi à faire douter ces puissantes et massives Anglaises. Le score est un peu lourd au final car elles ont craqué en fin de match (35-17). Mais elles ont longtemps tenu la dragée haute aux Anglaises, victorieuses du Tournoi des nations depuis 2019. En mettant de la vitesse, en jouant les extérieures ou en étant efficaces au pied, les joueurs de Mignot et Ortiz ont déstabilisé à plusieurs reprises leurs adversaires. L’affrontement frontal paraissait perdu d’avance, mais elles ont su, par séquences, trouver des solutions. Si elles ont fini par plier, Marine Ménager et ses coéquipières peuvent sortir la tête. Le public de l’Ashton Gate a tremblé devant ces Françaises sans peur et sans reproche. La France disputera la petite finale pour la 8e fois lors des 9 dernières éditions (absente en 1998). Encore une fois, diront les mauvaises langues… Sauf que ces Bleues-là peuvent être fières de ce qu’elles ont accompli, ce samedi, pendant au moins 60 minutes.
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Passer la publicitéTeani Feleu a fait front, Kelly Arbey efficace
En l’absence d’Axelle Berthoumieu, suspendue neuf matchs après avoir mordu une Irlandaise, le staff tricolore avait dû recomposer sa troisième ligne, en décalant Charlotte Escudero (encore épatante ce samedi) en flanker et en confiant le poste de troisième-ligne centre à Teani Feleu. Cette dernière avait été victime d’une entorse du médio-pied au début de la compétition et elle fait son retour comme remplaçante face à l’Irlande (18-13) en quarts de finale. Et, pour son retour, la sœur cadette de Manae a été au cœur du combat en défiant régulièrement les robustes Anglaises (51 m gagnés). Des charges qui ont fait mal. Derrière, Kelly Arbey a été un poison régulier pour l’Angleterre. Régulièrement sollicitée sur son aile, la joueuse du Stade Toulousain a joué juste, gagnant de nombreux mètres et marquant même le deuxième essai tricolore (51e), après un gros travail de sape de ses avants. Efficace.
Sa Majesté Kildunne
À l’applaudimètre, il n’y a pas photo. Ellie Kildunne, avec sa folle crinière blonde, est bien la star de ces Red Roses. Et l’arrière anglaise, élue meilleure joueuse du monde en 2024, a d’entrée fait honneur à son statut en marquant le premier essai du match. Dès la 5e minute de cette demi-finale, après un ruck joué petit côté, elle a récupéré un ballon le long de la ligne de touche et placé une grosse accélération pour filer plonger entre les poteaux, son 41e essai international. Douche froide. Et retour gagnant pour la joueuse des Harlequins (26 ans, 56 sélections), qui avait manqué le quart de finale contre l’Écosse en raison d’une commotion. Par la suite, elle a continué à gagner inlassablement de nombreux mètres balle en main par ses relances. Avant de porter une deuxième estocade en marquant à la 69e minute. Sur un mauvais contrôle de Morgane Bourgeois, elle a récupéré la gonfle et déchiré toute la défense tricolore. Queen Ellie.
COUPS DE GRIFFE
L’Angleterre, du sable dans les rouages
La belle machine anglaise, programmée pour gagner un troisième titre mondial, n’a pas rayonné comme depuis le début de la Coupe du monde. Le XV de France féminin, à qui on promettait l’enfer, lui a donné énormément de fil à retordre, en proposant un jeu alerte et en relevant le gros défi physique. Mais la logique (financière, vu les énormes moyens déployés par la Fédération anglaise) a été respectée et les Red Roses, en puissance et à l’usure, ont failli par faire plier les Bleues. L’Angleterre s’est qualifiée pour sa 9e finale en 10 éditions de la compétition planétaire (elle a juste manqué la finale 1998). Mais que ce fut dur… Sûrement la pression de l’événement, devant son propre public survolté. En finale, il faudra évidemment montrer autre chose face au Canada, une équipe très joueuse qui a étrillé la Nouvelle-Zélande vendredi soir. Attention au rythme infernal que vont imposer les Nord-Américaines.
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Trop de munitions gâchées
Les Tricolores ont carrément fait douter les Anglaises, obligées de se démener en défense (109 plaquages anglais contre 36 français, à la pause). Même si elles souffraient devant et sur beaucoup de collisions, les coéquipières de Pauline Bourdon Sansus se montraient bien plus dangereuses et entreprenantes. Mais que d’occasions laissées en route… Notamment cet énorme temps fort à la 34e minute, où Marine Ménager tarde à donner la balle à Chambon, puis rate sa passe à quelques mètres de l’en-but. Dans la foulée (36e), Marine Ménager, encore elle, croit avoir marqué en coin après un surnombre, mais la longue passe sautée de Carla Arbez est immédiatement sifflée en en-avant. Un manque de réalisme en première mi-temps qui s’est payé cher à l’heure de jeu…