Emmanuel Macron met en garde l’ONU contre «la loi du plus fort»

Emmanuel Macron a mis en garde les Nations unies contre «le risque de voir «la loi du plus fort» et «l’égoïsme de quelques-uns l’emporter». Dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, prononcé mardi après son allocution de la veille annonçant la reconnaissance d’un État palestinien, le président français a pris la défense de l’organisation internationale et a prôné un «multilatéralisme efficace».

Un monde en crise

«Ne nous mentons pas», a dit le président français, «ce quatre-vingtième anniversaire (de l’ONU ) n’est pas une fête. Les conflits armés se multiplient, internes ou internationaux, étatiques ou provoqués par l’action criminelle et terroriste. Les belligérants bafouent délibérément les conventions de Genève... Gaza, Ukraine, Soudan, Haïti, Birmanie, République démocratique du Congo. La liste est aussi longue qu’insoutenable des violences que subissent les populations dans ces territoires de guerre».

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Le contre-pied de Donald Trump

Sans le citer, Emmanuel Macron a énuméré des crises planétaires que le président américain avait niées le matin même dans son discours. «Le changement climatique n’est pas maîtrisé et l’effondrement de la biodiversité se poursuit... Les efforts que la plupart d’entre nous sont prêts à faire se heurtent au cynisme de quelques-uns qui peuvent faire la différence mais s’y refusent encore... L’accélération des technologies ouvre d’immenses horizons, mais laisse aussi le champ libre à des forces d’autant plus dangereuses qu’elles ne sont pas régulées. Le commerce mondial vit l’heure des guerres tarifaires lesquels s’ajoutent aux grands déséquilibres mondiaux.»

La loi du plus fort

«Le grand risque du moment... est de voir la loi du plus fort... l’égoïsme de quelques-uns l’emporter», a dit Emmanuel Macron sans citer de pays en particulier, mais sans qu’il soit très difficile de deviner quels pays il avait à l’esprit. «Celui de voir quelques-uns penser qu’à eux seuls ils peuvent décider du cours du monde et d’oublier qu’il n’y a pas de communauté internationale sans un rapport respectueux entre pairs qui seul rend possible la paix… relever les défis du changement climatique, de la transformation technologique, ou de la lutte contre les proliférations militaires.»

L’importance du droit et des institutions internationales

«Les règles existantes et les institutions garantissent notre autorité collective», a dit le président français. «Les droits de l’Homme restent le pilier central de l’édifice des Nations unies... L’autorité du droit est notre meilleure chance face à la loi du plus fort ; l’application des principes est le seul remède aux deux poids, deux mesures.»

La défense de l’Ukraine

«L’agression russe pose l’éternelle question de l’autorité du droit face à la loi du plus fort, de la liberté face à l’impérialisme», a rappelé Macron aux pays de l’ONU. «L’Ukraine  n’a pas voulu la guerre. Elle veut la paix. La France aussi veut la paix, les Européens veulent la paix, les États-Unis d’Amérique veulent la paix (...) L'Ukraine a un droit fondamental : celui de vivre en sécurité et de ne plus craindre que la Russie l’attaque à nouveau. Elle est prête au cessez-le-feu et accepte la négociation. Il revient désormais à la Russie de prouver qu’elle peut choisir la paix alors qu’elle multiplie aujourd’hui les attaques contre les civils en Ukraine et les provocations», contre les pays membres de l’Otan.

La solution à deux États

Le président français a repris les thèmes de son discours de la veille sur la reconnaissance d’un État palestinien. «Nous avons adopté un plan crédible pour mettre fin à la guerre à Gaza et préserver une solution à deux États, Israël et la Palestine, permettre la libération de tous les otages et sauver» des vies. «Un État de Palestine démilitarisé reconnaissant Israël, et un État d’Israël reconnaissant un État de Palestine : c’est un chemin vers la paix.» «Il ne peut pas y avoir de sécurité, de stabilité pour Israël si c’est une guerre permanente avec tous les voisins qui est conduite.»

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Une organisation internationale irremplaçable

«L’ONU , c’est nous tous», a lancé Macron aux représentants des États membres. «Si elle est inefficace, c’est que quelques-uns la bloquent, souvent les plus puissants. Si elle ne va pas assez vite, c’est que nous ne sommes pas assez déterminés pour la faire avancer.» «Le risque, c’est celui de la fragmentation, de la loi du plus fort, de l’état de fait, du cynisme.» Nos peuples vivent dans la peur, a aussi dit le président, «la peur devant un futur qu’ils ne contrôlent plus devant des migrations subies chez les uns, un climat qu’on n’arrive plus à contrôler, des inégalités qu’on n’arrive plus à stabiliser, une guerre qu’on n’arrive pas à arrêter.» Macron a conclu son allocution en appelant à la responsabilité pour «agir ensemble, et bâtir à nouveau un multilatéralisme efficace.»