Auschwitz, 1945 : l’heure de la liberté
Par Serge Wolikow
Historien, professeur émérite de l’université Bourgogne-Europe et président de la Fondation pour la mémoire de la déportation
Lorsque les troupes de l’armée soviétique se présentent devant les barbelés du camp d’Auschwitz, celui-ci a été en grande partie évacué de ses détenus – plus de 60 000 – et ses installations de mort ont été en partie détruites par les SS. Ils avaient tenté, comme dans les autres centres d’extermination tels Treblinka ou Majdanek, d’éliminer les déportés et d’effacer les traces de leur entreprise criminelle. Cependant, environ 7 000 survivants, malades ou qui ont réussi à se cacher, sont présents à l’arrivée de l’Armée rouge.
Du fait de l’avancée des troupes soviétiques et des reculs de la Wehrmacht, c’est dans la précipitation qu’a été prise la décision de l’évacuation. Le 18 janvier, sur ordre de Himmler, le départ des détenus valides et l’élimination des malades est organisée. Depuis plusieurs semaines, la destruction des chambres à gaz et des fours crématoires avait été entreprise. Les installations de ce camp, le plus vaste établissement concentrationnaire nazi, avaient déjà été endommagées par des bombardements alliés sur les usines chimiques et métallurgiques dès l’automne.
D’autre part, la révolte désespérée des Sonderkommandos début octobre a entraîné un nouveau cycle de terreur et commencé la destruction des équipements de l’extermination. Le 7 octobre 1944, la SS décide de réduire de 300 l’effectif des kommandos de deux crématoires. Les détenus, tous juifs, alertés, décident de résister.