Cessez-le-feu en Ukraine : la rencontre entre Trump et Zelensky n'est ni "décisive" ni "révolutionnaire", selon le géopolitologue Nicolas Tenzer
Au lendemain de la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky en marge des funérailles du pape au Vatican, Nicolas Tenzer n'est pas convaincu qu'elle soit "aussi décisive, révolutionnaire" et qu'elle "marque un changement ou un tournant dans les relations entre les États-Unis et l'Ukraine et l'Europe de manière générale". Les présidents américain et ukrainien ont échangé une quinzaine de minutes, en tête-à-tête, sur un possible cessez-le-feu, dans la basilique Saint-Pierre.
Après son départ de Rome, Donald Trump a émis sur son réseau, Truth Social, des doutes sur la volonté de Vladimir Poutine de mettre fin au conflit. "Peut-être" que le président russe Vladimir Poutine "ne veut pas arrêter la guerre" en Ukraine et "me balade", a déclaré Donald Trump.
"La diplomatie ne se fait pas uniquement dans les grands sommets"
Un changement de ton du président américain ? "Je ne suis pas du tout sûr qu'il y ait une sorte d'opération du Saint-Esprit qui ait fait de Trump quelqu'un qui ait l'esprit sain. On est vraiment sur quelque chose de très différent parce que l'on sait que Trump peut se retourner évidemment très vite", souligne le spécialiste des questions géostratégiques.
Nicolas Tenzer ne minimise pas pour autant la rencontre entre les deux présidents, estimant que "la diplomatie ne se fait pas uniquement dans les grands sommets, elle se fait beaucoup par des échanges bilatéraux et c'est souvent le contact entre des personnes singulières, qui peut faire éventuellement avancer les choses". Mais il précise que "ce qui est important, c'est ce qui se fait, [ce qui] change sur le terrain".
"On ne gagne pas une guerre en ne la faisant pas"
Quant aux négociations pour l'accord de paix entre la Russie et l'Ukraine, tout n'est pas entre les mains des États-Unis, l'Europe a aussi un rôle à jouer et "la place de la France est importante", souligne Nicolas Tenzer. "On s'aperçoit qu'un certain nombre d'idées de la France, notamment la coalition des volontaires, ont été mises en place". Ce dispositif, réunissant les pays soutenant l'Ukraine, devrait envoyer des troupes européennes de maintien de l'ordre une fois que la paix sera revenue.
Mais à l'annonce de cette coalition, le but n'était pas le même car "il était décidé d'envoyer des troupes quoi qu'il advienne pour sécuriser l'Ukraine", rappelle le spécialiste. "Je pense qu'il y a une certaine conscience, chez un certain nombre de dirigeants européens, mais qu'ils ne peuvent absolument pas formuler comme tel, c'est qu'on ne gagne pas une guerre en ne la faisant pas" conclut-il.