Michel De Jaeghere : «Clint Eastwood, la raison du plus fort»

Il avait, d'abord, crevé l'écran par ses silences. Acteur, lui-même n'avait cessé d'insister auprès des metteurs en scène pour qu'ils réduisent le nombre de ses phrases. Il leur préférerait toujours un gros plan sur son regard bleu acier, une veine gonflée sur la tempe, le bouillonnement intérieur que faisait pressentir la fixité de ses traits, la moue que formaient ses lèvres quand il mâchonnait son cigarillo. « L'action, aime-t-il à dire, parle plus fort que les mots. » Ses propos, lapidaires, n'étaient lâchés in extremis que pour souligner ce que la musique, le silence, nous avaient déjà fait comprendre avec une incomparable puissance. Ils ponctuaient ses gestes comme des points de suspension.