Brésil : Jair Bolsonaro risque l'emprisonnement après la diffusion en ligne de déclarations

Jair Bolsonaro risque la prison immédiate. En cause : des déclarations aux médias diffusées sur les réseaux sociaux. Un juge de la Cour suprême du Brésil a sommé lundi 21 juillet les avocats de l'ancien président de s'expliquer, "sous peine d'emprisonnement immédiat", sur la diffusion en ligne de propos en violation selon lui d'une interdiction d'utiliser les réseaux sociaux.

L'ancien dirigeant d'extrême droite (2019-2022), jugé pour tentative de coup d'État contre l'actuel président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, s'est vu contraint vendredi de porter dorénavant un bracelet électronique et de ne plus recourir aux réseaux sociaux.

Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a justifié ces mesures en lui reprochant d'inciter, avec son fils Eduardo, à des "actes hostiles" des États-Unis contre le Brésil et de tenter de faire "obstruction" au procès, dont il a la charge.

En réaction, l'ancien président a fait lundi des déclarations aux médias, qui ont été rapidement diffusées sur les réseaux sociaux, provoquant l'avertissement judiciaire.

Dans son bureau, Alexandre de Moraes a ensuite montré des publications de comptes X, Instagram et Facebook avec des vidéos, des images et le texte des déclarations de Jair Bolsonaro devant les journalistes au Congrès.

L'ex-président n'a pas publié le discours sur son propre compte, mais ses fils et ses alliés politiques l'ont fait.

Dans un document judiciaire consulté par l'AFP, le magistrat a reproché à Jair Bolsonaro, âgé de 70 ans, de "prononcer un discours destiné à être diffusé sur des plateformes numériques".

Alexandre de Moraes a également demandé aux avocats de l'ex-président de fournir des éclaircissements dans les 24 heures "sur le non-respect des mesures de précaution imposées, sous peine de décréter son emprisonnement immédiat".

Dans une décision antérieure, lundi, Alexandre de Moraes avait prévenu que toute diffusion des interventions publiques de Jair Bolsonaro sur les plateformes constituerait une violation des mesures en vigueur et que l'ancien président risquait d'être arrêté.

"Humiliation ultime"

Cependant, le chef de file de la droite et de l'extrême droite brésiliennes s'est présenté devant les caméras pour dénoncer ce qu'il considère comme un acte de "lâcheté" à son encontre.

"C'est le symbole de l'humiliation ultime", a-t-il déclaré en montrant pour la première fois le bracelet électronique qu'il est contraint de porter à la cheville gauche. "Ce qui est valable pour moi, c'est la loi de Dieu", a-t-il ajouté dans des déclarations qui ont rapidement circulé sur les médias sociaux.

La pression judiciaire s'accroît sur Jair Bolsonaro en pleine crise diplomatique entre le Brésil et les États-Unis. Dénonçant une "chasse aux sorcières" à l'encontre de son allié, le président américain Donald Trump a menacé le Brésil de droits de douane supplémentaires de 50 % à partir d'août. Lula a réprouvé un "chantage inacceptable".

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Jair Bolsonaro voit dans son procès une "persécution" et risque plus de 40 ans de prison. Le parquet a demandé sa condamnation et celle de sept de ses collaborateurs de l'époque pour avoir essayé d'assurer leur "maintien autoritaire au pouvoir".

Jair Bolsonaro est en outre inéligible jusqu'en 2030 pour désinformation sur le système de vote électronique utilisé pour le scrutin de 2022. Plaidant pour une large amnistie, il espère faire annuler son inéligibilité pour concourir à la présidentielle de 2026.

Avec AFP