Une élection qui surprend le monde

Place Saint-Pierre, ce jeudi, une foule attendait que sorte la fameuse fumée blanche, signe de l’élection du pape. Amanda Perobelli / REUTERS

Ni « papabile » ni outsider, le nouveau pape crée la surprise. Une élection qui ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de l’Église.

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La surprise est de taille ! Un pape américain, le cardinal Robert Francis Prevost, 69 ans, préfet du dicastère pour les évêques, vient d’être élu 267e pape de l’Église catholique. Il a choisi le nom de Léon XIV. Il ne figurait pas dans la liste des « papabili » qui regroupe les cardinaux dont on parle le plus avant l’entrée dans la chapelle Sixtine. C’est le signe de la liberté de l’Église catholique d’oser aller chercher un « inconnu », les 133 cardinaux ayant discerné qu’il était l’homme de la situation. Ce cardinal, devenu pape sans l’avoir véritablement imaginé, va incarner désormais toute l’Église catholique.

Il a été élu au terme de 5 tours. Le corps électeur cardinalice - 133 votants pour une majorité aux deux tiers à 89 voix - était divisé sur le retour d’un pape italien (le cardinal Parolin, ancien premier ministre de François, était le favori) et ne s’était pas non plus mis d’accord sur les outsiders pourtant connus, le cardinal Aveline, notamment, ou encore le patriarche de Jérusalem, le cardinal Pizzaballa, italien de nationalité, et d’autres encore. On avait peut-être trop oublié que, dans la liste des 133 cardinaux électeurs, 70 nationalités étaient représentées et que le centre du monde de l’Église catholique n’est pas Rome ou l’Italie, mais le Christ, et qu’il s’agit de choisir le successeur de l’apôtre Pierre et non le successeur du pape François.

C’est ainsi la grande leçon de ce conclave 2025 : par ce choix, l’Église démontre sa capacité de renouvellement. Ce n’est pas un pas de côté mais un acte prophétique dans son esprit, qu’elle considère comme inspiré par « plus haut » que ses propres calculs, ses dissensions, ses programmes tout prêts.

Reste à ce pape, qui n’est pas forcément un homme d’appareil, à restaurer l’unité de l’Église, secouée par le pontificat de François. Et qui a besoin, cette élection le suggère, de se recentrer, de faire une pause, pour mieux repartir.

Dès son apparition au balcon, Léon XIV a lancé un «appel de paix» à «tous les peuples» et appelé à «construire des ponts» à travers «le dialogue». Le président des États-Unis, Donald Trump, lui a aussitôt adressé ses «félicitations» dans un message sur son réseau Truth Social : «Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays », a-t-il dit se disant «impatient» de rencontrer le nouveau chef de l’Église catholique.

Cette surprise papale va en laisser apparaître d’autres. Le catholicisme est ancré dans deux mille ans de tradition, il compte un milliard quatre cents millions de fidèles, il entre dans son troisième millénaire… Une telle élection démontre que cette histoire peut oser regarder ailleurs mais viser tout aussi loin.