Le vote de confiance, b. a.-ba démocratique
Depuis lundi, les commentaires fascinés déferlent en boucle sur le « suicide » politique en direct du Premier ministre. Son saut périlleux sans filet paraît relever de l’impensable : pourquoi solliciter un vote de confiance de l’Assemblée nationale quand on ne dispose d’aucune majorité certaine ou même probable, et alors que rien n’obligeait François Bayrou à risquer ainsi sa place ?
La réponse à cette question échappe à tous les cyniques. Et, parmi eux, à l’intéressé lui-même, qui tente de ruser avec sa propre audace pour se maintenir à la tête d’un gouvernement chargé de conduire, contre le vote des Français, la politique d’une coalition de bric et de broc de vaincus des urnes.
Sa dernière feinte, après avoir piétiné sans scrupule son engagement de réexamen de la réforme des retraites à l’issue d’un pseudo-conclave, consiste à faire croire aux députés que le vote de confiance en la politique de super-austérité qu’il leur réclame n’en serait pas vraiment un. « Confiance n’est pas le bon mot, le vote qui va être émis sera sur le constat de la gravité de la dette », minimise-t-il, à rebours de ce qu’engage le recours à l’article 49.1 de la Constitution.
À force de voir chaque matin l’esprit des lois profané, le suffrage universel nié, le pouvoir usurpé par un gouvernement illégitime, on en viendrait à oublier l’essentiel : le vote de confiance est le b. a.-ba de la vie parlementaire. Tout aurait dû commencer par là après les législatives de 2024. Voilà le premier moment de vérité démocratique en un an.
Sans majorité, un gouvernement doit s’en aller. Et si François Bayrou est battu le 8 septembre, il sera impensable de prétendre lui succéder sans se plier à la même validation par le Parlement. Ce n’est pas ajouter de la crise à la crise : c’est le jeu normal de la démocratie. Quitte à rappeler les Français aux urnes si aucune issue ne se dégage.
Avant d’en arriver là, le Nouveau Front populaire, coalition électorale et programmatique arrivée première en nombre de sièges, doit pouvoir tenter ce que Macron, Barnier et Bayrou ont échoué à faire : réunir une majorité de députés, au cas par cas s’il le faut, sur des mesures de changement attendues par les Français. C’est sur ce constat qu’il est urgent de s’entendre, avant celui de la dette.
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