EN DIRECT - Démission du gouvernement Barnier après la censure: la France dans le grand flou

L’éditorial du Figaro : «La France à la renverse»

Au bord du gouffre financier, du déclassement économique, notre pays est traversé par une délinquance aveugle et galopante, frappé par une déstabilisation migratoire qui amplifie toutes ses difficultés. La France est à la renverse, mais la politique se confine dans des négociations catégorielles et des combinaisons lilliputiennes. Le menton se dresse, la voix porte haut, les mots claquent, mais tout sonne faux. Les réalités quotidiennes des citoyens n’apparaissent qu’en rhétorique, les défis qui s’annoncent nourrissent les tentatives d’éloquence, mais l’astre parlementaire n’éclaire plus. L’Assemblée tourne à vide. Elle ne peut être dissoute. C’est donc à l’Élysée de trouver le moyen d’équilibrer un peu ce qui est instable. Il n’y aura pas de miracles, mais si Emmanuel Macron pouvait faire preuve de bon sens, ce serait déjà inespéré.

>> Découvrez l’intégralité de l’éditorial du Figaro, signé Vincent Trémolet de Villers.

Qui a voté la motion de censure ?

Au total, 331 députés ont voté pour la motion de censure, une majorité confortable. Dans le détail, voici les élus qui ont plébiscité le départ du gouvernement, par groupe :

  • 123 députés RN (sur 124)
  • 71 députés LFI (sur 71)
  • 65 députés socialistes (sur 66)
  • 38 députés écologistes (sur 38)
  • 1 député LIOT (sur 23)
  • 16 députés communistes (sur 17)
  • 16 députés UDR (sur 16)
  • 1 député non inscrit

Découvrez également si le député de votre circonscription a voté pour ou contre la motion de censure.

L’Assemblée continuera de travailler en attendant la suite

L’Assemblée nationale continuera ses travaux qui ne nécessitent pas la présence de membres de gouvernement, ont acté mercredi soir Yaël Braun-Pivet et les chefs des groupes politiques de la chambre basse, selon l’entourage de la présidente. À peine une heure après la censure du gouvernement de Michel Barnier, la titulaire du perchoir réunissait autour d’elle la quasi-totalité des chefs de groupe de l’Assemblée nationale, dans une ambiance «respectueuse», selon une source parlementaire.

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun Pivet. Sarah Meyssonnier / REUTERS

Les ténors du Palais Bourbon ont décidé de poursuivre les travaux parlementaires qui ne nécessitent pas la participation de ministres, qui incluent par exemple l’examen des textes en commission, les commissions d’enquête ou encore les missions d’information. En revanche l’examen des textes dans l’hémicycle ou les séances de questions au gouvernement sont ajournés jusqu’à ce que la question du futur pensionnaire de Matignon soit tranchée.

«Merde !» : la Une choc de The Economist

La presse étrangère s’est aussi largement fait l’écho de la situation politique française. Outre-Manche, l’hebdomadaire The Economist titre «MERDE !» affiché sur un panneau de métro. «La France saute dans l’inconnu», est-il aussi écrit.

Parmi les autres grands médias étrangers à réagir, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel écrit que «le principal partenaire de l’Allemagne au sein de l’UE s’enfonce dans une double crise politico-financière» dont «la situation chaotique ne pourra être résolue que par de nouvelles élections, si tant est qu’elles aient lieu». Quoi qu’il en soit, «l’enjeu pour Emmanuel Macron est de sauver le reste de son second mandat tout en protégeant ce qui reste de son bilan, en particulier dans le domaine de l’économie, où il a mis en œuvre des réformes favorables aux entreprises et des réductions d’impôts», analyse de son côté le Financial Times.

La presse française s’inquiète des «temps inconnus qui se profilent»

Si la chute du Premier ministre Michel Barnier était perçue comme une «mort annoncée», quid des conséquences, alors que s’ouvre une «période d’incertitudes politique, économique et financière», questionnent jeudi matin la presse française et des titres internationaux. «Censure historique, crise politique», titre Le Figaro du jour. «La politique se confine dans des négociations catégorielles et des combinaisons lilliputiennes» alors que «la France est à la renverse», déplore Vincent Trémolet de Villers dans son éditorial. «Quand tout est flou (...) il est sage de protéger les lignes claires», selon le directeur adjoint de la rédaction, pour qui «il ne faut surtout pas un Premier ministre venant de la gauche».

La Une du Figaro du jour. DR

«Quelles suites après la chute de Barnier?», titrent les Dernières nouvelles d’Alsace. «Et maintenant?», s’interroge l’Est Éclair en Une. Même son de cloche au Parisien, avec une photo du président Emmanuel Macron et de Michel Barnier, où l’on peut distinguer le second à l’arrière-plan, faisant écho à la titraille «Après la censure le grand flou». Et lorsque Libération s’amuse d’un «Veni, Vidi, Viré», Les Échos parlent, eux, d’«alliance des extrêmes».

Pour Patrick Moyon de Ouest-France, la censure du gouvernement par «les voix de la gauche et l’extrême gauche» associées «à celles de l’extrême droite» marque «la fin du barrage républicain tant vanté entre les deux tours des élections législatives». «Les calculs partisans et, plus encore, la détestation du président de la République, l’ont emporté sur toute autre considération», déplore-t-il. «Il y a dans cet événement hier (mercredi, ndlr), quelque chose de sidérant, dont on ne mesure sans doute pas encore les conséquences politiques», semble-t-il avertir.

«Loin de régler la crise en cours, la censure du gouvernement de Michel Barnier ne va pas redonner confiance aux Français dans la politique», écrit Béatrice Frère dans les colonnes de la Voix du Nord.

Barnier va présenter sa démission et Macron s’adresser aux Français

Et maintenant? Au lendemain d’une censure historique, Michel Barnier présente ce matin à 10 heures sa démission à Emmanuel Macron qui va lui s’exprimer à 20 heures à la télévision pour tenter de fixer un cap alors que s’ouvre une période politique d’une rare incertitude. Quand sera nommé le nouveau Premier ministre ? L’entourage du chef de l’État n’a fourni aucune précision, mais plusieurs familiers du président ont confié qu’il entendait le faire rapidement, à rebours des presque deux mois nécessaires cet été pour nommer Michel Barnier.

La France pourrait donc avoir un nouveau chef du gouvernement dès jeudi soir ? «Il n’a pas le choix», s’avance un proche d’Emmanuel Macron. Car avec la chute de Michel Barnier, la crise politique ouverte avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a franchi un cap inédit. Pour la première fois depuis 1962, un premier ministre a été renversé par l’Assemblée nationale après qu’il a engagé sa responsabilité.

La gifle est d’autant plus sévère pour l’ancien commissaire européen qu’il a été congédié par une majorité confortable - 331 députés. Ultime affront: Michel Barnier détient désormais le peu enviable record de brièveté à Matignon sous la Ve République.

Bienvenue sur ce direct

Bonjour à tous. Au lendemain de la motion de censure votée par l’Assemblée nationale, Michel Barnier va présenter la démission de son gouvernement à l’Élysée ce matin. Suivez cette journée en direct avec nous.

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