Ossements déplacés, traumatisme facial, piste familiale : ce que l’on sait de la mort d’Émile
Les contours de la disparition du petit Émile Soleil se précisent. Lors d’une conférence de presse ce jeudi matin, le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, a fait savoir que la multitude d’actes d’enquête et d’expertises techniques et scientifiques menées depuis le 8 juillet 2023 par la section de recherches de Marseille a «introduit la probabilité» de l’intervention d’un tiers dans cette affaire criminelle. En effet, les analyses réalisées sur le crâne du petit garçon retrouvé le 30 mars 2024 au Haut-Vernet par une promeneuse ont permis de relever «la présence de stigmates anatomiques évocateurs d’un traumatisme facial violent», a fait savoir le magistrat.
Par ailleurs, il apparaît que les vêtements et les ossements retrouvés «ont été transportés et déposés peu de temps avant leur découverte et que le corps de l’enfant ne s’est pas décomposé dans les vêtements retrouvés dans la forêt», a détaillé le procureur. Ces analyses scientifiques permettent également de considérer que «le corps n’est pas demeuré au même endroit et dans le même biotope au cours du processus de décomposition et qu’il n’a pas été enfoui».
Tous ces éléments ont convaincu les enquêteurs que le petit garçon a été victime d’un «homicide volontaire». C’est dans ce cadre que mardi matin, peu après 6h00, Philippe et Anne Vedovini, les grands-parents maternels, ainsi qu’un oncle et une tante d’Émile, ont été placés en garde à vue. Leur domicile a été perquisitionné et un véhicule SUV ainsi qu’une remorque à cheval ont été saisis. Une dizaine d’auditions de témoins ont également eu lieu.
La piste familiale «pas encore refermée»
«Ces gardes à vue se sont inscrites dans une phase d’enquête où il était nécessaire de confronter, d’éclairer et de soumettre tous ces éléments aux personnes les plus concernées par la disparition» du petit garçon, a précisé Jean-Luc Blachon qui explique avoir eu recours à cette mesure coercitive afin de «prévenir toute concertation». La piste familiale devait être «purgée» étant donné «qu’ils étaient présents au moment de la disparition. Il fallait comprendre les liens et relations qui unissent les membres de cette famille».
Au terme de deux jours d’interrogatoires, durant lesquels les gardés à vue ont «répondu à l’ensemble des questions qui leur ont été posées», ils ont été relâchés sans poursuite. «Ça ne veut pas dire que l’hypothèse de la piste familiale se termine définitivement, elle n’est pas encore refermée et les investigations futures seront susceptibles de la prolonger», a-t-il souligné.
Depuis le jour du drame, le 8 juillet 2023, une quinzaine de gendarmes est mobilisée quotidiennement pour percer le mystère. En deux ans, «nous avons vérifié 3141 signalements, procédé à 282.187 auditions de témoins, dont quatre gardes à vue. 27 véhicules ont fait l’objet d’analyses en matière de police technique et scientifique. Nous avons procédé à 50 perquisitions judiciaires, 38 perquisitions numériques et ratissé près de 285 hectares. Nous traitons 55 millions de données de communications», a détaillé le colonel Christophe Bertelin, en charge de l’enquête. Si les circonstances du drame se précisent, de nombreuses zones d’ombre perdurent encore et «les enquêteurs restent déterminés à éclairer les circonstances de la disparition d’Émile».