La crise humanitaire s’aggrave au Yémen : 19,5 millions d’habitants sont en danger, selon les Nations unies

La crise humanitaire ne cesse de s’aggraver au Yémen. Selon les Nations unies (ONU), au moins 19,5 millions d’habitants auront besoin d’aide humanitaire au cours de l’année 2025. Dans un pays où 90 % de la nourriture est importée, la malnutrition continue d’apparaître comme la principale menace, alors que le Yémen fait face à plus d’une décennie d’instabilité politique, de divisions, d’une baisse continuelle du pouvoir d’achat et d’une explosion de choléra.

« La population du Yémen continue de faire face à une grave crise humanitaire et de protection des civils », a ainsi déclaré, mercredi 15 janvier, Joyce Msuya, cheffe adjointe du bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), devant le Conseil de sécurité. Selon les estimations du prochain appel humanitaire des Nations unies, la crise s’aggrave dans le pays du Moyen-Orient.

« Les femmes, les filles et les 4,8 millions de déplacés » marginalisés

Le total de 19,5 millions de personnes correspond, de fait, à une hausse de « 1,3 million de Yéménites » par rapport à 2024. Pire, l’estimation de l’ONU couvre plus de la moitié de la population locale, estimée à 34 millions d’individus. Joyce Msuya a ainsi rappelé que ces millions de Yéménites « ne peuvent pas répondre à leurs besoins alimentaires de base », en rappelant que « les plus marginalisés » sont « les femmes et les filles ou les 4,8 millions de déplacés ».

« Près de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance graves en raison de la malnutrition », a-t-elle insisté, tandis que le niveau « épouvantable » de l’épidémie de choléra a également ajouté au fardeau d’un système de santé déjà « gravement sous pression ». L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, de retour de la capitale Sanaa – contrôlée par les rebelles houthis -, a de son côté souligné le besoin « immédiat d’une désescalade et d’un engagement véritable pour la paix ».

La guerre au Yémen, qui a pris une nouvelle ampleur en 2014, a causé des centaines de milliers de morts en plus d’une décennie. Le conflit, à l’origine d’un déchirement du pays entre les forces houthistes, d’Al-Qaida ou du Conseil de transition du Sud (composé des Émirats arabes et de milices armées yéménites) au fil des ans, a provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde.

Pour rappel, venus du nord du Yémen et soutenus par l’Iran, les Houthis ont pris en 2014 le contrôle de la ville de Sanaa, puis d’une bonne partie du nord du pays. Pour soutenir le gouvernement, l’Arabie saoudite voisine est intervenue l’année suivante à la tête d’une coalition militaire qui a tenté en vain de déloger les rebelles.

Affaiblie sur la scène internationale suite à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, Riyad a par la suite occupé le rôle de médiateur entre le Conseil de transition du Sud, les Houthistes et le gouvernement central yéménite. Un cessez-le-feu, conclu sous l’égide de l’ONU en avril 2022, a par la suite permis de calmer l’essentiel des combats. Les lignes de front ont ainsi été figées, tandis que les différents camps se sont engagés à respecter une feuille de route élaborée par les Nations unies.

La situation politique du Yémen s’est cependant de nouveau tendue l’an dernier. Les Houthis ont mené plusieurs attaques contre Israël, ainsi que sur des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, en réaction à la politique génocidaire entreprise par le gouvernement du premier ministre Benyamin Netanyahou. L’armée israélienne s’en est elle aussi prise au territoire yéménite, fin septembre 2024. Cette dernière y a mené des attaques, avec des dizaines d’appareils de l’armée de l’air, contre des bases des milices houthies, proches de l’Iran, dans les régions de Ras Issa et Hodeïda.

Les Houthis ont enfin revendiqué, mercredi 15 janvier, une attaque contre un porte-avions états-unien situé dans la mer Rouge. Les rebelles ont touché le navire avec plusieurs missiles et drones, dans la lignée des attaques qu’ils mènent contre des navires commerciaux depuis plus d’un an. L’opération a été menée pour contrer une tentative des États-Unis « de mener des opérations contre le Yémen », a par la suite affirmé le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree. La situation ne semble donc pas près de s’arranger dans la durée au Yémen.

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