Les règles d’hygiène à appliquer sur son lieu de vacances, selon un médecin hygiéniste

Changement de décor, de rythme, de repères. L’été, on s’autorise à relâcher la pression et parfois, les règles d’hygiène. On s’assied sur les serviettes de plage encore humides de la veille, on picore des gâteaux en sortant à peine des vagues, on pose sa valise sur le lit sans trop y penser. Mais est-ce vraiment sans conséquence ? Pour y voir plus clair et faire la part des choses entre bon sens et obsessions inutiles, nous avons posé la question au Dr Pierre Parneix, médecin de santé publique et de prévention du risque infectieux au CHU de Bordeaux.

Sur la plage, lavage systématique avant et après la baignade

Le bord de mer représente généralement la carte postale rêvée des vacances. Toutefois, une autre facette moins glorieuse existe : celle où les germes côtoient nos serviettes. «Quand on étudie les plages françaises, on retrouve systématiquement de la flore fécale sur le sable et dans l’eau, rapporte le Dr Pierre Parneix. Elle augmente avec la densité de personnes, et ce sont souvent les baigneurs eux-mêmes qui l’apportent, parfois sans le savoir».

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Le premier geste à adopter est donc de se laver chez soi au préalable. «Prendre une douche le matin avant d’aller se baigner, c’est une forme de respect collectif. Si on est propre soi-même, on limite ce qu’on apporte dans l’eau», souligne le médecin hygiéniste. De retour de la baignade, le nettoyage est aussi fortement recommandé. «Rincer sa peau puis la sécher permet d’éliminer le sable, qui peut être irritant, et le sel, qui assèche, indique le Dr Pierre Parneix. Cela n’élimine pas tous les micro-organismes mais cela améliore clairement le confort et réduit les risques de macération».

Ne pas laisser maillots et serviettes mouillés dans un sac

Ce qu’on oublie aussi en rentrant de la plage : les serviettes et maillots mouillés, qui stagnent dans un sac. «C’est un terrain de prolifération idéal pour les bactéries, champignons et entérobactéries comme Escherichia coli et Salmonella, signale le professionnel de santé. Il faut donc rincer les maillots à l’eau claire et bien les faire sécher». L’idéal ? Partir en vacances avec deux maillots et nettoyer celui usagé en machine à laver. Dans tous les cas, on évitera aussi de garder sur soi trop longtemps le maillot humide, dont le port prolongé peut entraîner des mycoses. Les serviettes, quant à elles, doivent être étendues pour sécher dès le retour de la plage.

En cas de petite blessure, comme une coupure sur un coquillage ou une éraflure sur un rocher, mieux vaut être équipé, estime le Dr Pierre Parneix qui recommande de conserver dans son sac un petit flacon d’antiseptique et quelques cotons stériles. «Le sable peut contenir des champignons qui infectent les lésions cutanées. Un désinfectant, même basique, peut éviter bien des complications», observe le spécialiste.

Faire la chasse aux nuisibles dans le logement de vacances

En arrivant dans une location de vacances, il est d’usage de poser sa valise sur le lit. Grosse erreur. «Les roulettes de la valise ont traîné partout, sur un sol sale bien souvent», constate le médecin hygiéniste. En partant de ce principe, on évitera de déposer son bagage sur sa couette. «D’abord, cela empêche d’apporter des microbes dans l’endroit où l’on va dormir, et cela nous évite de repartir avec des punaises de lit», précise le Dr Pierre Parneix.

Pour s’en prémunir, on utilise un porte-valise si le logement en propose un, ou on surélève sa valise sur une chaise ou un autre meuble, et surtout, on referme son bagage dès qu’on ne s’en sert pas. «Laisser une valise ouverte en plein milieu de la chambre, c’est s’exposer doublement aux nuisibles», résume le médecin hygiéniste.

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Dans le reste du logement, un rapide état des lieux s’impose aussi côté hygiène. «Dans les chambres, soulevez les matelas, regardez s’il y a des taches noires, signes de traces de déjections de punaises et vérifiez que les draps sont propres, recommande le Dr Pierre Parneix. Dans la cuisine, l’attention doit être portée sur le réfrigérateur car un mauvais entretien de celui-ci est un terrain de contamination. «Si vous y posez directement vos aliments dans un frigo impropre, il est possible que les bactéries laissées par les précédents occupants s’y logent et se multiplient», prévient le spécialiste.

Dans le congélateur, méfiance également avec les glaçons laissés par les précédents hôtes, mieux vaut les refaire soi-même quand on ne sait pas depuis combien de temps ils stagnent ici. L’éponge dans l’évier peut aussi poser problème. «C’est un accessoire qu’on oublie souvent mais qui concentre énormément de micro-organismes, surtout si elle est restée humide, ce qui favorise le développement des bactéries, avertit le médecin. Alors si l’éponge a déjà été utilisée par quelqu’un d’autre, c’est non : on la jette et on en apporte une neuve».

Désinfecter, surtout les sanitaires collectifs

Autre point de vigilance, les sanitaires, en particulier lorsqu’ils sont collectifs, comme c’est le cas en camping. En effet, les douches collectives ne brillent pas toujours par leur propreté. «Le minimum est de porter des chaussures adaptées, type tongs en plastique quand on va se doucher, pour éviter le contact direct avec le sol. C’est par là qu’on attrapera le plus facilement des mycoses», observe le médecin hygiéniste.

Ne baissez pas non plus la garde en utilisant des toilettes communes. «Si l’on veut prendre ses précautions et limiter le risque de contamination de flore fécale, on peut utiliser une lingette désinfectante ou un peu d’alcool à 70°C sur la lunette avant de s’asseoir. Attendez quelques instants que cela sèche, et c’est bon», préconise le Dr Pierre Parneix.

Pour celles qui évitent de s’asseoir et s’accrochent aux murs ou au rebord : attention aux mains. «Mieux vaut s’asseoir en ayant désinfecté la lunette que toucher les murs avec les mains, puis porter quelques minutes plus tard ces mêmes mains à la bouche ou au visage», nuance le professionnel de santé. Dans tous les cas, le lavage des mains est obligatoire dès la sortie des WC. Et avant même de parvenir au lavabo, le Dr Pierre Parneix rappelle de penser à tirer la chasse une fois le couvercle de la lunette fermée, pour limiter la dispersion des microgouttelettes et des bactéries.

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Les mains, principal vecteur de contamination dans les transports

Parce qu’ils emmènent des milliers de personnes sur les lieux de vacances, les transports type train, bateau ou avion font figure également d’importants lieux de brassage microbien. En témoignent les poignées de train parfois humides, les accoudoirs d’avion partagés avec un voisin enrhumé ou encore les rampes d’escaliers câlinés par les enfants. «Quand vous touchez tout ça, puis que vous mangez sans vous laver les mains, vous ramenez ce que vous avez croisé dans la journée à votre bouche, le bon comme le plus mauvais», résume le Dr Pierre Parneix. Autant de raisons de se munir d’un gel hydroalcoolique pour nettoyer régulièrement les mains avant de s’installer dans son siège ou de grignoter un snack. «C’est un réflexe simple qui peut éviter bien des infections digestives», assure le médecin hygiéniste. Enfin, le masque reste utile pour se protéger soi ou protéger les populations fragiles, comme les personnes âgées ou immunodéprimées.

Ne pas négliger les moustiques

Leur bruit irritant et les démangeaisons qu’ils laissent sont monnaie courante lors des soirées d’été. En revanche, on néglige trop souvent les conséquences insidieuses que peuvent entraîner les piqûres de moustiques comme le moustique tigre, rappelle le médecin de santé publique. Ce nuisible peut en effet être vecteur des virus du chikungunya ou de la dengue, dont plusieurs cas ont déjà été recensés en France. Le moustique se contamine en prélevant le virus dans le sang d’une personne malade infectée après un voyage en zone tropicale lors d’une piqûre, puis, à l’occasion d’une autre piqûre, transmet le virus à une nouvelle personne.

Quelques principes de précaution s’imposent alors. Comme l’informe le Dr Pierre Parneix, il est essentiel de ne jamais laisser de l’eau stagnante à proximité de son domicile (même une gamelle de chien). En intérieur, le professionnel de santé préconise d’utiliser un diffuseur antimoustique, à base de citronnelle ou d’agents plus puissants, notamment dans la chambre. «Les moustiques craignent également le climatiseur», ajoute le professionnel de santé. Et si l’on souhaite profiter des nuits d’été sereinement, on se protège avec des vêtements couvrants, et on applique un répulsif sur les zones découvertes. Vacances riment avec détente, pas avec imprudence.