EXCLUSIF - Cette illustre maison française datant du XIXe siècle, et relancée il y a quatre ans par des membres de la septième génération, change son fusil d’épaule et utilisera à partir du 1er octobre des pierres naturelles recyclées. Un coup de canif supplémentaire dans le développement des brillants de laboratoire.
Passer la publicité Passer la publicitéDepuis le relancement de la marque en 2021, l’exemple de Vever servait d’argument aux défenseurs du diamant de synthèse. Qu’un joaillier de cette trempe, ayant marqué l’histoire de la joaillerie -notamment au XIXe siècle et au début du XXe siècle- par sa créativité et son goût de l’innovation, choisisse de renaître en sertissant ses bijoux de pierres fabriquées par l’homme validait le potentiel de cette technologie joaillière. Gageons que l’argument va désormais changer de camp : à partir de demain matin, 1er octobre, la marque opère un basculement stratégique et remplace toutes ses collections dans ses vitrines et sur son site par des modèles décorés de diamants naturels recyclés. «Toutes les nouvelles pièces seront désormais fabriquées avec ce type de brillants, et nous avons aussi récupéré, desserti et remonté avec des gemmes naturelles tous nos stocks», précise Camille Vever.
Rappelons que, depuis quelques mois, les indicateurs ne sont en effet pas au beau fixe pour le marché du diamant de synthèse. Le spécialiste parisien Courbet a été mis en liquidation judiciaire, comme son fournisseur Diam Concept (tous les deux soutenus un temps par Chanel). Les investissements seraient également à la baisse chez Lusix (un fabricant dans lequel LVMH a mis des billes). De son côté, le GIA, laboratoire le plus fameux des États-Unis, a annoncé cesser ses certifications sur ce type de pierres. Et last but not least, le prix de ces pierres fabriquées dans des fours de plus en plus facilement a dégringolé, perdant jusqu’à 90% depuis 2018. La décision de Vever est une carte de plus du château qui tombe...
À lire aussi Baisse des prix, pierres de synthèse... Les diamants sont-ils toujours éternels ?
Passer la publicité«Notre position de départ, de concevoir une joaillerie responsable et respectueuse des hommes et de la nature, n’a pas bougé d’un iota, certifie Camille Vever. D’ailleurs, avant de nous lancer en 2021, nous avions étudié la possibilité d’utiliser des diamants naturels recyclés, au même titre que nous avons choisi de n’acheter que de l’or recyclé plutôt que de l’or Fairmined (un label d’or ’équitable’ mais extrait de la terre, NDLR). Nous avions alors renoncé aux pierres de seconde main car à l’époque c’était trop difficile de se fournir.» Pour faire son grand saut, ce 1er octobre, la marque s’est donc attelée depuis plusieurs mois à identifier et organiser des sources d’approvisionnement fiables. Vever s’est créé un réseau, avec l’aide d’un expert, constitué d’antiquaires qui dessertissent certains types de bijoux anciens qui n’ont plus la cote et ne se vendent plus aujourd’hui, et aussi d’ateliers de joaillerie qui ont parfois des stocks dormants ou des retours d’invendus des marques blanches (c’est-à-dire non signées).
Vever avait réussi à ne pas asseoir son positionnement uniquement sur les pierres de synthèse. Les clients qui ont succombé à la renaissance de ce joaillier ont été davantage attirés par une histoire ancienne, un design singulier. Mais il n’est pas exclu que ce revirement rassure certaines personnes réfractaires aux diamants de synthèse. Et pour les clients qui ont acheté un modèle Vever ces dernières années et auraient envie, eux aussi, de changer d’avis, la marque s’engage à reprendre et remplacer leur bijou.
«Aujourd’hui le diamant de synthèse fonctionne encore très bien aux États-Unis, et sur des pièces génériques et généreuses en diamants, pour les clients qui cherchent un prix avantageux, explique Coralie de Fontenay, CEO de Luximpact, le groupe sur lequel est adossé Vever. Dans le cas de Vever, ce n’est pas ce que cherchent les clients. Et de toute façon, 9 bijoux sur 10 dans les collections sont sertis de petits diamants, de moins de 0,5 carat, donc ne permettent pas de profiter du premier (et dernier? NDLR) avantage du diamant de synthèse qui reste le prix».