Conflit Hamas-Israël : l’État hébreu «intensifie» ses opérations dans le sud de la bande de Gaza
Le Hamas serait à «son point de rupture». C’est ce qu’affirme l’armée israélienne qui accentue, ce mardi 12 décembre, sa pression face au groupe terroriste dans la bande de Gaza. Dans la nuit de lundi à mardi, le Hamas, au pouvoir dans l’enclave palestinienne, a fait état de violents affrontements dans le centre du territoire. Dans une allocution télévisée, le ministre de la Défense de l’État hébreu Yoav Gallant a assuré que ses forces reprenaient «ses derniers bastions».
Le chef d’État-major de l’armée d’Israël a, pour sa part, déclaré que les Forces de défenses «intensifiaient» leurs opérations au sud tout en consolidant sa présence au nord. Lundi, de nombreuses frappes ciblaient les villes de Khan Younès, nouvel épicentre des combats, et de Rafah, à la frontière égyptienne, où se massent des dizaines de milliers de personnes fuyant les combats.
Une situation humanitaire «apocalyptique»
Le conflit pousse effectivement les civils à l’exode : 1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 85% de la population, selon l’ONU. La situation dans la bande de Gaza est «apocalyptique», a averti lundi soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, pour qui le niveau de destruction dans le territoire palestinien est «plus ou moins, voire supérieur» à celui de l'Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale. Selon l'ONU, plus de la moitié des habitations y ont été détruites ou endommagées.
«De plus en plus de personnes n'ont pas mangé depuis un jour, deux jours, trois jours... Les gens manquent de tout», a déclaré le directeur de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. Dans un bulletin quotidien sur la situation dans la bande de Gaza, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), rapporte que les déplacés à Rafah «sont confrontés à des conditions désastreuses, dans des lieux surpeuplés, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des abris».
L’aide humanitaire devrait «doubler»
L'Organisation des Nations unies et des organisations humanitaires ont de facto exhorté Israël à laisser entrer davantage d'aide dans la bande de Gaza. Lundi soir, l’État hébreu a annoncé la mise en place de deux points de contrôle supplémentaires pour l'inspection des camions avant leur entrée à Gaza par le terminal de Rafah. La mesure devrait «doubler», selon elle, l'entrée d'aide. Toutefois, aucun autre point de passage ne sera ouvert.
Cette annonce intervient avant une réunion spéciale, ce mardi, de l'Assemblée générale de l'ONU sur la situation humanitaire à Gaza après le véto américain, vendredi, à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un «cessez-le-feu humanitaire». L'Assemblée, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, pourrait à nouveau se prononcer sur une résolution appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» et à la libération «immédiate et inconditionnelle» de tous les otages - 137 personnes sont toujours retenues en otage sur les 240 enlevées le 7 octobre.
«Nous ne soutenons pas toujours pas un cessez-le-feu car cela laisserait le Hamas en contrôle de Gaza, mais nous soutenons absolument des pauses humanitaires supplémentaires», a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. La «pause humanitaire», négociée fin novembre sous l'égide du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis, avait permis l'entrée de plus d'aide humanitaire et la libération de plusieurs dizaines d'otages et de prisonniers palestiniens écroués en Israël.
Phosphore blanc
En parallèle, le gouvernement américain s'est dit «préoccupé» par des informations du Washington Post selon lesquelles Israël a utilisé des munitions au phosphore blanc de fabrication américaine lors de frappes au Liban en octobre. Les bombes au phosphore sont des armes incendiaires dont l'usage est interdit contre des civils, mais pas contre des cibles militaires, selon une Convention signée en 1980 à Genève. Interrogé à ce sujet, Yoav Gallant s’est contenté d’affirmer que l’armée israélienne opère «conformément au droit international».
Cela fait maintenant 67 jours que le Hamas et Israël sont en guerre. Selon Israël, 1200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées le 7 octobre, quand les terroristes du mouvement palestinien ont déferlé sur son sol. D'après le ministère de la Santé de l'administration du Hamas, plus de 18.200 personnes sont mortes dans les bombardements israéliens à Gaza, en grande majorité des femmes et des mineurs. L'armée israélienne a fait état d'une centaine de morts dans ses rangs.