Affections de longue durée, arrêts maladie abusifs... La ministre de la santé détaille ses pistes d’économies
Réaliser 5,5 milliards d’économies en 2026. Telle est la lourde tâche confiée par François Bayrou à sa ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Dans un entretien publié ce samedi matin dans Le Monde, Catherine Vautrin détaille les pistes pour freiner les dépenses de santé. Souhaitant mettre un terme à l’idée selon laquelle l’Assurance-maladie, «“c’est gratuit, j’y ai droit”», la ministre confirme «le doublement du plafond des franchises médicales » à 100 euros par an (il s’agit des sommes non remboursées au patient, pour le moment fixées à 1 euro par boîte de médicament, 2 euros pour une consultation médicale). Le but ? «Responsabiliser les assurés.»
Concernant les affections longue durée (ALD), également citées par François Bayrou parmi les mesures d'économies, la ministre indique qu'il s'agira d'abord de «faciliter la sortie de ce régime, quand le médecin déclare que vous êtes pleinement guéris d'un accident vasculaire cérébral ou d'un cancer, par exemple». À titre d’exemple, elle pointe des «situations qui interpellent», telles ces «28 % de personnes en arrêt maladie de longue durée pour des troubles musculo-squelettiques, mais qui ne sont absolument pas suivies par un kinésithérapeute.»
Passer la publicitéLe gouvernement entend par ailleurs «interroger le maintien du remboursement à 100% des cures thermales et des médicaments dont le service médical rendu est faible pour les patients en ALD». Afin de mettre le secteur à contribution, et pas seulement les Français, la ministre dit vouloir lutter contre les «situations de rentes économiques qui se sont constituées dans le secteur de la santé». Citant la radiologie, la biologie, la radiothérapie ou la dialyse, qui présentent «des niveaux de rentabilité très élevés» alors que ces pratiques sont financées à plus de 80% par l’Assurance-maladie, Catherine Vautrin affirme : «des baisses de tarifs s’imposent».
Transfert des arrêts maladie
Sur le sujet sensible des arrêts maladie, objet de «dérive» selon François Bayrou, la Rémoise entend «mettre fin à des abus». Le projet est de «limiter tout premier arrêt de travail à 15 jours en médecine de ville» et à un mois «en sortie d’hospitalisation». Le transfert de la prise en charge de ces arrêts, jusqu'au 7e jour, à l'employeur est par ailleurs une piste «à l'étude» et «doit faire l'objet de discussions avec les partenaires sociaux». «Dans cette hypothèse, les entreprises seraient amenées à prendre le relais sur cette période supplémentaire de carence, du quatrième au septième jour», a expliqué Catherine Vautrin.
L’ambition de cette diète budgétaire est la préservation de «notre modèle social structurellement déficitaire» et dont le principe structurant - la solidarité entre les générations - n’a jamais été aussi fragile, a rappelé la ministre à nos confrères. En juillet, la courbe des naissances a croisé celles des décès pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre mai 2024 et mai 2025, 651.200 personnes sont mortes en France pour 650.400 naissances.