REPORTAGE. Frappes américaines en Iran : "La violence va s’intensifier, et ce n’est dans l’intérêt de personne", s'inquiètent des habitants de Jérusalem

Alors que les États-Unis ont officiellement rejoint le conflit opposant Israël à l'Iran, la riposte directe de Téhéran est désormais redoutée. Si Tel-Aviv et Haïfa ont déjà été la cible de plusieurs frappes au cours de la semaine écoulée, jusqu'à présent, Jérusalem a été épargnée. Mais la ville triplement sainte vit au ralenti, et les interceptions de missiles par le Dôme de fer font trembler les murs des habitations.

Les habitants de Jérusalem sont partagés après cette nouvelle étape franchie dans le conflit. L'engagement américain n'est pas forcément accepté par tous, entre Jérusalem-Est et Jérusalem-Ouest, où se côtoient confessions, nationalités et opinions diverses. Point de départ : la porte de Damas, à l'entrée de la vieille ville, dont l'accès est restreint depuis la déclaration de l'état d'urgence.

Le quartier arabe de la vieille ville est aujourd'hui inaccessible aux visiteurs. À la Porte de Damas, l'armée israélienne ne laisse passer que les résidents. "Il n'y a presque personne, autant qu'au premier jour de la guerre", témoigne un commerçant palestinien installé à Jérusalem-Est, qui regrette les volte-face de Donald Trump dans le dossier iranien. "Il avait déclaré qu'il ne voulait pas rejoindre la guerre, mais, depuis, il a commencé à envoyer ses avions au Moyen-Orient. La région a l'habitude de la violence, et la violence va s'intensifier, et cette histoire n'est dans l'intérêt de personne dans le pays".

Entre prières et résignation

En remontant vers l'ouest, presque tous les commerces du quartier chrétien sont fermés. Georges, un résident, a les larmes aux yeux : "Arrêtez la guerre !", s'exclame le vieil homme.

"Les États-Unis veulent imposer leur loi partout, pour leurs intérêts commerciaux dans la région. Ils n'ont que faire de vous, de moi, ce n'est rien que par intérêt commercial !"

Georges, habitant de Jérusalem

à franceinfo

Un peu plus loin, un galeriste d'art, l'un des rares à maintenir son commerce ouvert dans la partie ouest de la ville, récite ses prières en hébreu. "Vous m'interrogez sur Trump et les Américains, je vous réponds que Dieu domine ce monde, Dieu est le guerrier." Une autre habitante, ultraorthodoxe, teinte ses prières d'un soutien au gouvernement israélien : "Nous espérons et nous prions pour que Bibi Nétanyahou et Donald Trump réussissent à faire ce qu'ils ont à faire dans cette guerre".

À quelques pas de là, une expatriée brésilienne se presse pour faire quelques courses :"Nous avons des alertes depuis longtemps maintenant, c'est triste à dire, mais c'est devenu la norme, non ?" Employée d'une agence onusienne, elle relativise la situation actuelle à Jérusalem. "J'ai aussi travaillé à Gaza, j'ai vu l'autre côté et ce qu'est une vraie situation de guerre. Je crois que cette guerre Iran-Israël occulte les réels sujets..." Cette quadragénaire a toutefois pris ses dispositions : en cas d'escalade, elle se tient prête pour une évacuation.