Guerre à Gaza : ce que l'on sait des tirs israéliens lors d'une visite diplomatique en Cisjordanie
Une situation "inacceptable". Une visite de diplomates dans le camp de Jénine, au nord de la Cisjordanie, a été interrompue mercredi 21 mai par ce que l'armée israélienne a présenté comme des tirs de sommation.
L'Autorité palestinienne, au pouvoir dans ce territoire, a dénoncé des tirs "directs" à "balles réelles" de soldats israéliens. L'incident a provoqué l'indignation de plusieurs pays européens, dont la France, qui a convoqué l'ambassadeur israélien. Voici ce que l'on sait de l'incident.
Des tirs israéliens interrompent une visite de diplomates européens à Jénine
L'incident s'est produit en début d'après midi aux abords du camp de réfugiés de Jénine, ville au cœur d'une offensive militaire israélienne majeure contre des groupes armés palestiniens. Des diplomates, dont plusieurs représentants de pays de l'Union européenne (UE), accompagnés de plusieurs journalistes, se trouvaient aux abords de ce camp. Des images, diffusées par le ministère des Affaires étrangères palestinien sur X, montrent deux personnes portant des uniformes de l'armée israélienne mettre en joue un groupe de diplomates.
Plusieurs coups de feu retentissent dans ce court extrait. D'autres images, diffusées sur Instagram par le journaliste Obada Tahayna, montrent la même scène d'un autre point de vue. On peut y voir plusieurs personnes se disperser rapidement alors que l'on entend plusieurs coups de feu. Un journaliste de l'AFP a ensuite filmé plusieurs voitures diplomatiques quittant les lieux à la hâte.
L'autorité palestinienne accuse Israël d'avoir tiré "à balles réelles"
Le ministère palestinien des Affaires a accusé dans un communiqué publié sur X des soldats israéliens d'avoir visé "directement à balles réelles une délégation diplomatique accréditée auprès de l'Etat de Palestine". Le ministère a dénoncé "une violation flagrante et grave du droit international", condamnant "dans les termes les plus fermes le crime odieux commis par les forces d'occupation israéliennes".
Tenant "le gouvernement d'occupation israélien pleinement et directement responsable de cette attaque criminelle", l'Autorité palestinienne et appelle "la communauté internationale, en particulier les pays d'origine des diplomates visés, à adopter une position claire et résolue contre cette violation flagrante".
Israël affirme "regretter" l'incident
L'armée israélienne a réagi rapidement dans un communiqué, regrettant "les désagréments causés" par ces tirs. "Dans le cadre de la coordination [avec les autorités militaires israéliennes], un itinéraire approuvé a été fourni aux membres de la délégation, qu'ils ont été invités à suivre du fait que l'endroit est une zone de combats", précise le texte.
"Selon une enquête initiale, la délégation a dévié de l'itinéraire approuvé et est entrée dans une zone où elle n'était pas autorisée à se trouver", ajoute l'armée. Cette dernière affirme que "des soldats [israéliens] en opération dans la zone ont tiré des coups de semonce pour les éloigner". Le communiqué note également qu'"aucun blessé ni dommage n'ont été signalés".
L'incident suscite le tollé en Europe
Toute menace contre la vie de diplomates est "inacceptable", a immédiatement réagi à Bruxelles la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, rapporte Politico. Plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et la France se sont rapidement indignés de l'incident.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a ainsi "condamné fermement" les tirs, demandant au gouvernement israélien de "faire la lumière sur les circonstances et respecter l'inviolabilité des diplomates", selon un communiqué. Un sentiment partagé par l'Egypte, qui a condamné l'incident "dans les termes les plus forts", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, qui précise que l'ambassadeur égyptien à Ramallah faisait partie de la délégation.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Harris, a, lui aussi, condamné "avec la plus grande fermeté" les coups de feu. "Je suis choqué et consterné par les informations qui indiquent que l'armée israélienne a tiré (…) à proximité d'un groupe de diplomates en visite à Jénine, dont deux diplomates irlandais en poste à Ramallah", a déclaré le responsable dans un communiqué.
Rome et Paris convoquent les ambassadeurs israéliens
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a annoncé son intention de convoquer l'ambassadeur d'Israël. "Une visite à Jénine, à laquelle participait un de nos diplomates, a essuyé des tirs de soldats israéliens. C'est inacceptable. L'ambassadeur d'Israël sera convoqué pour s'expliquer", a écrit le ministre sur X, qui souhaite un "plein soutien à nos agents sur place et leur travail remarquable dans des conditions éprouvantes".
Une visite à Jénine, à laquelle participait un de nos diplomates, a essuyé des tirs de soldats israéliens. C’est inacceptable. L’ambassadeur d’Israël sera convoqué pour s’expliquer.
— Jean-Noël Barrot (@jnbarrot) May 21, 2025
Plein soutien à nos agents sur place et leur travail remarquable dans des conditions éprouvantes.
Quelques minutes auparavant, le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a annoncé la convocation de l'ambassadeur d'Israël en Italie pour exiger "une explication officielle". "Les menaces contre les diplomates sont inacceptables", a-t-il affirmé sur X. Le vice-consul italien Alessandro Tutino, "qui va bien" et avec lequel le ministre s'est entretenu, "se trouvait parmi les diplomates" sur place.