REPORTAGE. "Il y a un peu d'appréhension au vu de l'actualité politique" : dans le viseur de Donald Trump, Harvard remet ses diplômes à ses étudiants

Une promotion 2025 dans l'expectative. Jean ne donne que son prénom, comme les rares élèves qui acceptent de s'exprimer. L'étudiant belge vient d'être diplômé de la Harvard Kennedy School, la faculté de sciences politiques de Harvard, après un programme de deux ans. Jean a un sentiment mitigé à la sortie de la cérémonie de remise de diplôme. "C'est un peu un mix de satisfaction du devoir accompli et puis un peu d'appréhension au vu de l'actualité politique et de Harvard, qui est un peu le centre du débat", explique Jean, entouré de sa famille.

Harvard a remis jeudi 29 mai ses diplômes alors qu'elle est en pleine bataille judiciaire avec le gouvernement de Donald Trump. Le président américain a multiplié les mesures contre cette université de l'Ivy League, le club fermé des grandes universités américaines. Le milliardaire républicain a supprimé ses contrats avec le gouvernement fédéral, réduit ses subventions de plusieurs milliards de dollars, remis en cause son statut d'établissement exonéré d'impôts et veut lui interdire d'accueillir des étudiants étrangers.

"Un message d'espoir"

Quelque 27% des étudiants de Harvard viennent de l'étranger, une importante source de revenus et un facteur de rayonnement international pour l'établissement. Jean fait partie de ces étudiants étrangers. Il a apprécié les allusions aux bras de fer avec la Maison-Blanche dans le discours aux diplômés. "On a eu un discours d'une journaliste de CNN, et qui a fait ça très correctement, avec un message que je qualifierais d'optimiste. C'est un message d'espoir", explique l'étudiant belge.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump s'est lancé dans une vaste campagne contre des universités qu'il accuse de propager une idéologie "woke". Il leur reproche notamment leurs politiques de promotion de la diversité ou encore d'avoir laissé proliférer des manifestations contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza, qu'il assimile à de "l'antisémitisme".

De son côté, Jean se dit relativement serein. Il a déjà trouvé un premier emploi. "Je pars à Chicago où je vais travailler pour une société pharmaceutique, explique l'étudiant. C'est ce qui se profile pour l'instant en espérant que les considérations de visas et d'immigration ne m'en empêchent pas." Un diplôme de Harvard est et restera prestigieux, d'après lui, malgré les attaques de Trump. "Au pire, déclare-t-il, je quitterai le pays pour trouver du travail."