Les montres de star ont comme une aura particulière. Comme, plus largement, tout ce qui a été touché par une personnalité de premier plan, de Marie-Antoinette à Elvis Presley. Comme si, pour les avoir côtoyées, ces objets encapsulaient une partie de leur légende. Dans l’univers restreint des enchères dédiées aux collectionneurs de montres, celles possédées, voire portées, par des grands noms s’envolent en général bien au-delà de leur estimation. Véritables Graal horlogers, elles ont en effet l’avantage, en général de cocher toutes les cases de la désidérabilité : la marque, l’état, la provenance, et donc la rareté.
Cela aura été le cas, le 19 octobre dernier, lors des dernières sessions du Monaco Legend Group. Y était notamment proposée à la vente la Rolex Viceroy en or jaune des années 1930 jadis possédée jadis par le créateur du Pop Art, Andy Warhol. Un modèle adjugé en 1988 lors de l’une des sessions historiques ayant dispersé ses biens chez Sotheby’s. Estimée cette fois 20 000 à 40 000 €, cette quasi-relique se sera finalement envolée à 156 000 €. Comme quoi, dans son cas, le quart d’heure de célébrité prophétisé par l’artiste ne semble pas prêt de prendre fin... Bien plus qu’un collectionneur de montres ou un aficionado de garde-temps, l’artiste était surtout un accumulateur compulsif d’objets en tous genres. Quant aux montres, il en possédait près de 300, et préférait en général se les offrir pour leur beauté, voire leur rareté ou leur originalité, plutôt que de les porter. Lui qui disait porter une Cartier Tank arrêtée non pas pour qu’elle lui donne l’heure mais parce qu’il s’agissait de la montre à porter, aura également possédé bien d’autres pièces rares : Rolex Bubble Back, Movado à gousset, Patek Philippe Ricochet, Audemars Piguet Ref. 5504, Boucheron Reflet… Sans oublier pas moins de sept montres Piaget, dont une Réf. 15102 de 1972, pièce de 45 mm aisément reconnaissable avec son boîtier de forme coussin. Quatre d’entre elles dorment désormais en Suisse, au sein des collections de la marque, qui réinterprétera cette pièce iconique en 2014, avant d’y revenir en 2024.
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Il faut dire qu’Andy Warhol était devenu au fil du temps un ami de la maison et d’Yves Piaget, qu’il avait rencontré en 1979 à New York. L’artiste assistait régulièrement aux événements glamours organisés à Manhattan ou à Palm Beach pour la Piaget Society, l’élite chic cliente de la marque, qui faisait aussi la fête au Studio 54 comme chez Régine. En 1983, Yves Piaget fit même l’objet d’un article dans le magazine Interview, fondé par Andy Warhol !
Après avoir annoncé en novembre dernier un partenariat avec la Fondation Andy Warhol for the Visual Arts, Piaget a obtenu de baptiser désormais la version contemporaine de ce modèle la « Montre Andy Warhol ». Cet automne, elle dévoile également une collection capsule tout droit inspirée des collages d’Andy Warhol. Baptisée la Piaget Andy Warhol Collage, son boîtier à gradins de 45 mm est proposé sur un bracelet en cuir vert est en or jaune 18 carats. Mais, surtout, son cadran est rehaussé d’une marqueterie faite de quatre pierres ornementales colorées agencées dans une forme abstraite. Un clin d’œil à l’un des plus célèbres autoportraits collages de Polaroïd, réalisé par l’artiste en 1986. Rappel à la montre achetée par l’artiste en 1973, le cadran est en onyx noir, rehaussé de fines tranches de serpentine jaune de Namibie, d’opale rose et de chrysoprase verte.
Cette montre bat au rythme d’un mouvement à remontage automatique extra-plat Piaget 501P1, doté d’une réserve de marche de 40 heures. Sur le fond du boîtier a par ailleurs été gravée une reproduction de l’autoportrait d’Andy Warhol ayant inspiré le cadran, le logo Piaget et la signature de l’artiste. Cette édition limitée à 50 exemplaires est proposée à 78 000 €.