L'accord entre l'UE et les Etats-Unis est un "soulagement à court terme, mais désastreux sur le plan géopolitique", estime l'ancien Directeur général du commerce extérieur à la Commission européenne
L'accord entre l'UE et les Etats-Unis est un "soulagement à court terme, mais est désastreux sur le plan géopolitique et géoéconomique", réagit lundi 28 juillet sur franceinfo Jean-Luc Demarty, ancien Directeur général du Commerce extérieur et de l'Agriculture à la Commission européenne. L'Union européenne et les Etats-Unis ont conclu un accord commercial dimanche soir sur les exportations européennes. Il prévoit que ces dernières seront taxées à 15% par le gouvernement américain.
"Avec ce deal, Trump va prélever 60 milliards d'euros supplémentaires sur les exportations européennes, elles vont continuer, elles seront un peu moins favorables", prédit Jean-Luc Demarty. "Si on accepte l'extorsion quasi mafieuse de Trump, pourquoi est-ce que les Chinois ne nous feraient pas la même chose ? Notre crédibilité dans le monde va faiblir avec ça", déplore-t-il.
Le choix de "limiter les dégâts"
Jean-Luc Demarty se montre partagé entre un "large soulagement" et les "incertitudes et zones d'ombre dans cet accord". Il s'interroge : "Est-ce que les 15% seront appliqués sur les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs ?". Jean-Luc Demarty se demande également "si les spiritueux comme les cognacs seront ou non exemptés" mais assure que "la France est moins affectée" par cet accord "que l'Allemagne et l'Italie". La question qui se pose aussi selon lui est de savoir si cet accord sera pérenne : "Avec Trump, on ne sait jamais si ce qui a été convenu va durer".
Pour Jean-Luc Demarty, "l'Europe avait en réalité deux options : celle de réagir comme l'ont fait les Chinois, traiter les Etats-Unis de Trump comme les Chinois les ont traités. Ça aurait été dur dans un premier temps mais Trump aurait fini par reculer comme on l'a vu par le passé", veut croire l'ancien Directeur général du Commerce extérieur et de l'Agriculture à la Commission européenne. "L'autre option, poursuit-il, c'était de limiter les dégâts et c'est plus ou moins ce qui a été fait".
Enfin, concernant la partie de l'accord qui stipule que l'Union européenne achètera pour 750 milliards de dollars d'énergie aux Etats-Unis, Jean-Luc Demarty assure que ce sont des "achats qui auraient eu lieu de toute façon, qu'on remplace le gaz et pétrole russe par du gaz et pétrole américain". Il affirme que "c'est plutôt une bonne chose", que cela "assure notre sécurité d'approvisionnement".