Le président Emmanuel Macron a exposé ce lundi 6 janvier à Paris aux ambassadeurs français ses priorités de politique étrangère en 2025, sur fond de multiples crises dans le monde, de l’Ukraine au Moyen-Orient en passant par Taïwan.
Alors que les forces ukrainiennes sont en grande difficulté depuis des mois face à l’armée russe, le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski est l’invité d’honneur de cette 30e édition de la conférence des ambassadeurs, qui se tient lundi et mardi. Le Figaro fait le point sur ce qu’il faut retenir.
Accord UE/Mercosur : «La messe n’est pas dite»
Emmanuel Macron a assuré lundi que la «messe n’est pas dite» concernant la conclusion de l’accord commercial controversé entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur.
«La messe n’est pas dite (...) On continuera de défendre avec force la cohérence de nos engagements», a-t-il martelé devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée.
Défense européenne : «Il faut aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort»
Les Européens doivent aller «beaucoup plus vite et beaucoup plus fort» pour renforcer leur industrie de défense face à la montée des menaces, a estimé Emmanuel Macron.
«La question est de savoir si les Européens veulent, pour les 20 ans qui viennent, produire ce qui sera nécessaire à leur sécurité ou pas», car «si nous dépendons de la base industrielle et technologique de défense américaine, alors nous aurons de cruels dilemmes et des dépendances stratégiques coupables», a-t-il insisté.
Les Ukrainiens auront «à mener des discussions réalistes sur les questions territoriales»
Les Ukrainiens auraient «à mener des discussions réalistes sur les questions territoriales», car «eux seuls peuvent les conduire», pour trouver un règlement au conflit provoqué par l’invasion russe en 2022. «Les États-Unis d’Amérique ont à nous aider pour changer la nature de la situation et convaincre la Russie de venir à la table des négociations», tandis que les Européens auront à «construire des garanties de sécurité» pour l’Ukraine «qui seront leur responsabilité au premier rang», a estimé le président français.
Emmanuel Macron a de même prévenu qu’il n’y aurait «pas de solution rapide et facile en Ukraine», alors que le président élu des États-Unis Donald Trump avait promis un règlement express.
«Le nouveau président américain sait lui même que les États-Unis n’ont aucune chance de gagner quoi que ce soit si l’Ukraine perd», et une «capitulation de l’Ukraine ne saurait être bonne pour les Européens et les Américains», a dit le président français. Il a estimé que la «crédibilité» des Occidentaux serait «battue en brèche» s’ils acceptent de «transiger» en raison d’une «fatigue» du conflit.
«Nous devons regarder sans naïveté le changement de régime en Syrie», dit Macron
Emmanuel Macron a appelé lundi à «regarder sans naïveté le changement de régime en Syrie», et promis de ne pas abandonner les combattants kurdes alliés des Occidentaux dans la lutte contre le terrorisme.
La France accompagnera «dans la durée» la transition en faveur «d’une Syrie souveraine, libre et respectueuse de sa pluralité ethnique, politique et confessionnelle», a-t-il affirmé à l’occasion de la conférence des ambassadeurs réunis à Paris, s’engageant à rester «fidèle» aux «combattants de la liberté, comme les Kurdes» qui combattent le terrorisme et notamment l’organisation jihadiste État islamique.
L’Iran, «principal défi stratégique et sécuritaire» au Moyen-Orient, dit Macron
Emmanuel Macron a estimé que l’Iran constituait le «principal défi stratégique et sécuritaire» au Moyen-Orient, et serait une question prioritaire dans le dialogue qu’il engagera avec la nouvelle administration américaine de Donald Trump.
«L’Iran, c’est le principal défi stratégique et sécuritaire pour la France, les Européens, toute la région et bien au-delà», a déclaré M. Macron dans un discours devant les ambassadeurs français. «L’accélération de son programme nucléaire nous amène tout près du point de rupture», a ajouté le chef de l’État français.
Elon Musk soutient «une nouvelle internationale réactionnaire», dénonce Macron
Sans le citer nommément, Emmanuel Macron a accusé le patron de X, le milliardaire Elon Musk, de soutenir «une nouvelle internationale réactionnaire» et d’ingérence dans les élections, notamment en Allemagne.
«Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne? Qui l’aurait imaginé ?», a lancé le président Macron lors d’une allocution devant les ambassadeurs français, en référence au soutien continu du milliardaire américain au parti d’extrême droite allemand, AfD.
Trump «sait qu’il a en France un allié solide», dit le président Macron
Donald Trump «sait qu’il a en France un allié solide, un allié qu’il ne mésestime pas», «qui croit dans l’Europe» et porte une «ambition lucide» pour la relation transatlantique, a déclaré lundi Emmanuel Macron, à deux semaines de son arrivée à la Maison Blanche.
«De 2016 à 2020, la France a su travailler avec le président Trump», a souligné le chef de l’État français avant le retour du tribun populiste. «Si on décide d’être faible et défaitiste, il y a peu de chances d’être respecté par les États-Unis d’Amérique du président Trump», «à nous de savoir coopérer avec le choix qui a été fait par le peuple américain», a-t-il ajouté lors de la réunion annuelle des ambassadeurs français.