Champions Cup : un an après l'humiliation face à Toulouse, Bordeaux-Bègles a conjuré le mauvais sort avec la manière

59-3. Leur dernier rendez-vous avec une finale s'était soldé par une humiliation, l'an passé. En finale du Top 14, l'Union Bordeaux-Bègles, qui espérait jouer les yeux dans les yeux avec l'ogre toulousain, avait pris une gifle historique de 56 points d'écart. Pour sa première finale de championnat depuis sa création en 2006, l'UBB de Laurent Marti qui avait récupéré un bébé au nom imprononçable (USBCABBG), union du Stade Bordelais (6e en 2005 puis 7e en 2006 de Pro D2) et de Bègles, descendu en Fédérale, était tombée de très haut.

Les lendemains auraient pu prendre un air de gueule de bois irréparable, avec les tourments de la défaite et le traumatisme d'une forme de honte. Il n'en a rien été, et le titre européen acquis samedi, onze mois plus tard, en est la plus belle preuve. "Après le revers de l'an dernier, on s'était dit qu'on ne voulait plus jamais revivre ça, on s'était pris une leçon", rappelait Damian Penaud après le sacre.

Refermer au plus vite la plaie béante, c'était la mission de l'entraîneur Yannick Bru, qui a fait passer l'UBB dans une autre dimension depuis son arrivée, en 2023. C'est ce qui s'est passé : toujours en lice pour les playoffs de Top 14 (2e derrière Toulouse) malgré huit défaites, l'UBB a surtout rayonné en Champions Cup cette saison : huit victoires en huit matchs et 54 essais inscrits.

On y dénombre notamment des démonstrations face aux Sharks sud-africains (66-12), aux Chiefs d'Exeter (64-21) et surtout face à son bourreau, le Stade Toulousain, implacablement dominé en demi-finales (35-18). "On est super fiers d'eux, parce que la saison dernière s'était terminée sur un cauchemar. Le public ne voit pas tout ce qu'ils ont accompli derrière la scène. Il a fallu se relever, travailler", a loué Yannick Bru samedi. 

"Depuis l'arrivée de Yannick [Bru], on a franchi un cap. L'an dernier on n'était pas loin mais on a pris une correction méritée en finale. On a fait le dos rond, on s'est toujours relevé et on continuera de se relever, c'est le destin."

Matthieu Jalibert, demi d'ouverture de l'UBB

à France 2

Samedi, après le sacre, c'est le soulagement qui semblait prédominer dans les discours des joueurs de l'UBB. Et tous ont fait mention de cette finale de l'an passé pour signifier la valeur de ce premier titre européen. "L'an dernier, on était tellement triste après la finale, le président a eu des mots forts, il a dit qu'on reviendrait. Cette équipe est incroyable, on est champions d'Europe, qu'est-ce que c'est bon !", poursuit Matthieu Jalibert. "Après la défaite de l'année dernière, faire cette année-là, éliminer toutes les équipes qui ont gagné cette compétition et gagner cette première étoile, c'est fabuleux", abonde son coéquipier de la charnière Maxime Lucu.

Dans leur cas, le terme de résilience n'est pas usurpé. Marqués dans leur chair, les Bordelo-Béglais s'en sont servis pour trouver une hargne supplémentaire, qui s'est encore démontrée en seconde période samedi pour empêcher Northampton de revenir. "C'est une équipe résiliente, on l'a vu en demie contre le Leinster où ils ont fait un match héroïque. Mais on avait peut-être ce supplément d'âme ce soir", a souligné Damian Penaud, auteur de ses 13e et 14e essais de la campagne, incontestablement un des artisans majeurs du sacre.

"L'UBB, c'est le miracle permanent", avait coutume de dire Laurent Marti dans ses premières années de présidence. Se relever d'un tel échec aussi vite ne tient pourtant en rien du miracle, mais plutôt de l'aboutissement d'un travail entamé il y a deux décennies par le club et enfin consacré par le talent des Lucu, Jalibert, Penaud ou Louis Bielle-Biarrey.