« Un total de 2000 euros de PV » : les infirmiers libéraux submergés par les amendes de stationnement

« Un total de 2000 euros de PV » : les infirmiers libéraux submergés par les amendes de stationnement

Les soignants sont en première ligne face aux difficultés de stationnement. Halfpoint - stock.adobe.com

Les soignants sont confrontés à des difficultés majeures de stationnement et à une multiplication des amendes. Près de 80 % des infirmiers libéraux peinent à se garer et 70 % ont déjà été verbalisées selon un syndicat professionnel.

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La colère gronde chez les infirmiers libéraux. Frédérique Lecomte, infirmière à domicile à Annemasse, raconte avoir dû déménager son cabinet à cause de l’accès en voiture devenu impossible en centre-ville. Mais ce n’est pas cela qui a réveillé sa colère : « Une collègue est montée à 2000 euros de PV qu’ils sont venus lui ponctionner sur son compte. On en a marre », témoigne-t-elle dans Le Dauphiné Libéré. En cause, les soignantes à domicile font face à une avalanche d’amendes de stationnement qui complique encore davantage leur travail quotidien. Ces professionnelles de santé doivent effectuer jusqu’à 50 visites par jour chez leurs patients, ce qui les oblige à se garer une quarantaine de fois dans la journée, raconte le journal local. Bien qu’une application mobile leur accorde 45 minutes de stationnement gratuit, cette durée s’avère souvent insuffisante.

D’autant que les infirmières bénéficiaient auparavant d’une identification de leurs plaques auprès de SAGS, la société gestionnaire du stationnement à Annemasse, leur permettant d’éviter les PV. Du jour au lendemain, cette tolérance a disparu, remplacée par des contrôles automatisés avec une application baptisée Timo faisant figure de ticket mobile. Celle-là même où les infirmières ont le droit à 45 minutes gratuites, renouvelables. «Il nous arrive de faire une quinzaine de Timo par jour, et malgré tout on se fait quand même verbaliser parce qu’on va dépasser la durée», s’énerve Frédérique auprès du Dauphiné. «Quand vous faites un soin, vous ne plantez pas tout pour recharger votre Timo», ajoute-t-elle.

Des exemples réguliers

La situation d’Annemasse n’est pas isolée. Dans plusieurs communes en France, les infirmières libérales alertent sur la multiplication des amendes de stationnement, qui grèvent leur budget et menacent l’organisation des soins à domicile. À Valenciennes, une infirmière a reçu 900 euros de contraventions en une année, avait raconté TF1 Info début 2025. À Clamart, une autre a cumulé plus de 6500 euros de PV en deux ans, faute de stationnement gratuit ou adapté, rapportait Le Canard Enchaîné en avril 2024.

Au début de l’année, le syndicat Covergence Infirmières avait publié les résultats de sa propre enquête menée en 2024 auprès de 2786 infirmiers libéraux. Résultat, plus de 80 % des infirmiers libéraux rencontrent quotidiennement des difficultés pour se garer près de leurs patients, et 70 % ont déjà été verbalisés. Face à des contraintes de stationnement, 62 % des infirmiers libéraux déclarent avoir déjà renoncé à couvrir certains secteurs.

Une carte de stationnement spécifique ?

Si certaines villes comme Paris ou Calais ont instauré des dispositifs de gratuité ou des vignettes professionnelles pour faciliter le stationnement des soignants, la majorité des communes laissent les infirmières livrées à elles-mêmes, soumises à des règles strictes et à des contrôles automatisés. «Face à cette réalité, certaines zones soumises à une tarification prohibitive du stationnement risquent de subir une perte d’offre de soins à domicile au détriment des patients», exposait l’ancienne députée LR de la Drôme Emmanuelle Anthoine, dans une proposition de loi visant à créer une carte de stationnement pour infirmiers libéraux.