TEMOIGNAGES. "C'était vraiment comme dans un film" : des témoins racontent l'enlèvement en plein Paris du père d'un gérant d'une société de cryptomonnaies
Sept personnes sont en garde à vue après la libération samedi 3 mai, en Essonne, d'un homme d'une soixantaine d'années enlevé jeudi en plein Paris. La victime, père d'un entrepreneur qui a fait fortune dans les cryptomonnaies a été libérée par un assaut de la BRI après avoir été retenu pendant deux jours ans un pavillon, frappé et mutilé.
Ses ravisseurs ont envoyé une vidéo montrant un de ses doigts sectionné et réclamaient plusieurs millions d'euros. L'homme, âgé d'une soixantaine d'années, promenait son chien avenue du Maine, le 1er mai, dans le 14e arrondissement de la capitale quand les ravisseurs ont surgi. Franceinfo a retrouvé des témoins qui ont assisté à cette scène ultra-violente.
"C'était très violent"
Il est 10h30 jeudi matin quand Mathieu, 12 ans, se trouve dans son salon et entend tout à coup des cris. "J'entends une dame qui crie 'à l'aide, au secours'. Du coup, je vais sur le balcon et je vois un monsieur qui est traîné au sol et qui appelle au secours", témoigne-t-il.
Le jeune garçon alerte alors sa famille. Sa sœur Clarisse le rejoint et assiste médusée à la scène. "Le monsieur qui s'est fait kidnapper a crié 'lâchez-moi, au secours'. Ils l'ont attrapé par les jambes, ils n'ont rien dit du tout, ils l'ont embarqué dans le camion et sont partis à toute allure... C'était très violent, très rapide", rapporte-t-elle. Cela n'aurait duré que quelques minutes, selon Clarisse, qui affirme avoir vu quatre ravisseurs.
"Le conducteur n'avait pas de cagoule et était plutôt jeune, environ la vingtaine. Il était habillé avec une tenue de livreur. Les trois autres étaient cagoulés."
Clarisseà franceinfo
"Ce qui a pu aider à l'enquête, c'est qu'ils sont passés au feu juste ici où il y a des caméras, poursuit Clarisse. Le conducteur n'étant pas cagoulé, ça a peut-être pu aider.... Nous, on n'a pas pu faire grand-chose parce que l'on était en haut. En bas, il y avait peu de gens parce que c'était un jour férié". Et Clarisse de conclure : "C'était vraiment comme dans un film".
Des suspects jeunes et expérimentés
La police judiciaire parisienne a déployé d'importants moyens, sous l'égide du parquet de Paris et de ses sections spécialisées en criminalité organisée et en cyber, afin de retrouver les ravisseurs. Samedi vers 21 heures, les enquêteurs ont pu localiser la victime, retenue dans un pavillon de l'Essonne, en région parisienne.
Grâce à un assaut de la BRI, la Brigade de recherche et d'intervention, l'homme a pu être libéré vers 21h. Selon une source proche du dossier, les ravisseurs sont décrits comme jeunes - l'un d'eux est né en 2007, par exemple - et expérimentés. Ils ont pris toutes les précautions pour ne pas être localisés, notamment dans leurs échanges avec la famille. Mais les enquêteurs ont réussi à les localiser dans un pavillon de l'Essonne grâce notamment à la téléphonie. Cinq personnes ont été interpellées et placées en garde à vue lors de cette intervention. Deux autres personnes ont été interpellées et placés en garde à vue, a indiqué dimanche 4 mai le parquet de Paris.
L'enquête est désormais diligentée des chefs "d'arrestation", "enlèvement, séquestration ou détention arbitraire avec torture ou acte de barbarie commis en bande organisée d'arrestation", "enlèvement, séquestration et détention arbitraire d'otage pour obtenir l'exécution d'un ordre ou d'une condition commis en bande organisée", "d'extorsion en bande organisée avec arme et de participation à une association de malfaiteurs criminelle" a été confiée par le parquet de Paris à la brigade de répression du banditisme et la police judiciaire.