«Agissez ou démissionnez», «vous êtes l’avocate du régime iranien»... Le conflit au Proche-Orient s’invite à l’Assemblée nationale

La députée LFI Alma Dufour et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot se sont écharpés ce mardi à l’Assemblée nationale sur le conflit qui fait rage entre Israël et l’Iran. AFP / ALAIN JOCARD / AFP / ALAIN JOCARD

La députée insoumise Alma Dufour et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot ont croisé le fer ce mardi sur les frappes israéliennes en Iran, destinées à empêcher la République islamique d’acquérir la bombe nucléaire.

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Quatre jours après le début des frappes israéliennes sur l’Iran - visant des centaines de cibles militaires et nucléaires du pays, dans le but déclaré d’empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique, le dossier, brûlant, s’est naturellement invité à l’Assemblée nationale. Lors de la séance des «questions au gouvernement», ce mardi, la députée insoumise Alma Dufour a interpellé le ministre des Affaires étrangères, exprimant son indignation face à la position de la France sur ce nouveau front ouvert par l’État hébreu.

Pour l’élue de Seine-Maritime, les responsabilités sont claires : «L’Iran est l’agressé et Israël l’agresseur», a-t-elle lancé au micro. «En droit international, la meilleure défense n’est pas l’attaque. Monsieur Barrot, c’est la première fois que la diplomatie française confond “guerre préventive“ et “droit à se défendre”. À ce stade, il est urgent que vous changiez de métier», a-t-elle fustigé en référence aux déclarations d’Emmanuel Macron. Vendredi dernier, lors d’une conférence de presse, le président de la République avait défendu «le droit d’Israël à se protéger» face à la «marche vers l’arme nucléaire» de Téhéran, qu’il estime menaçant pour «la région, l’Europe, et plus généralement la stabilité collective», l’Iran ayant, à plusieurs reprises, appelé à la destruction de l’État juif.

«Votre gouvernement est transitoire»

Si la France n’a pas participé «aux opérations de protection et de défense» d’Israël, comme Emmanuel Macron l’avait proposé en cas de «représailles» de Téhéran, le patron du Quai d’Orsay avait indiqué à son tour que Paris se tenait «prêt à contribuer à la protection» de l’État hébreu, ce dimanche lors du «Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat». Une ligne vivement dénoncée par Alma Dufour, qui a reproché à l’exécutif de «faire honte» au pays. «Votre gouvernement est transitoire, mais le siège de la France au Conseil de sécurité de l’ONU est permanent. Agissez pour la paix, ou démissionnez», a-t-elle entre autres lancé à Jean-Noël Barrot.

Cette intervention, bien qu’ancrée dans la nouvelle donne géopolitique du Moyen-Orient, n’a rien de surprenant : elle s’inscrit dans le droit fil du virage stratégique amorcé par le mouvement mélenchoniste, pour qui la défense de la cause palestinienne est devenue l’alpha et l’oméga de son logiciel politique. Une posture que ses lieutenants justifient par la situation humanitaire désastreuse à Gaza, perçue comme la conséquence directe de la stratégie militaire d’Israël dans l’enclave palestinienne, en riposte aux attaques terroristes du 7 octobre 2023. Action que les Insoumis n’hésitent pas à qualifier de «génocide».

Piqué au vif, le patron du Quai d’Orsay a pris soin de rappeler que la France n’a en rien «soutenu» les frappes israéliennes. «Depuis le début, nous appelons à la retenue, à la désescalade, à la préservation des civils et à l’arrêt des frappes de toute part parce que nous considérons qu’il n’y a pas de solution militaire au problème nucléaire iranien», a développé la figure du MoDem, accusant au passage Alma Dufour de «se faire l’avocate du régime iranien», sous les protestations des bancs de la gauche radicale.

Et de conclure, d’un ton cinglant : «Faut-il rappeler qu’il dispose de capacités nucléaires et balistiques susceptibles de toucher le territoire européen, qu’il a soutenu tous les groupes terroristes, qu’il s’est félicité de l’attentat du 7-Octobre, qu’il a livré des centaines de missiles et des milliers de drones à la Russie, et qu’il retient en otages deux de nos compatriotes dans des conditions indignes ?», a cinglé Jean-Noël Barrot, assurant «ne pas détourner le regard de ce qui se passe à Gaza». Un rappel qui n’aura, sans surprise, pas convaincu La France Insoumise, bien décidée à revenir à la charge dès que l’occasion se présentera.