Chantage à la sextape: le maire de Saint-Étienne condamné à quatre ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité

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Gaël Perdriau, le maire de Saint-Étienne, lors de son procès en septembre au tribunal correctionnel de Lyon. OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

Le maire de Saint-Étienne a été condamné à cinq ans de prison dont un avec sursis ce lundi par le tribunal correctionnel de Lyon dans l’affaire du chantage à la sextape sur son premier adjoint. La peine est assortie d’une exécution provisoire et d’un mandat de dépôt différé.

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Gaël Perdriau, le maire de Saint-Étienne a été condamné à cinq ans de prison dont une avec suris et cinq ans d’inéligibilité pour des faits de «chantage», «association de malfaiteur» et «détournement de fonds publics» dans l’affaire du chantage à la sextape sur son ancien premier adjoint, Gilles Artigues. La peine est assortie d’une exécution provisoire et d’un mandat de dépôt différé.

L’édile va donc devoir quitter tous ses mandats, à la ville comme à la métropole. «Monsieur Perdriau, vous ne pouvez plus être le maire de Saint-Étienne», a lancé la juge Brigitte Verney, lors du prononcé du délibéré ce lundi 1er décembre. Celui qui fut élu à la tête de la municipalité stéphanoise en 2014 écope par ailleurs de 50.000 euros d’amende. Il devrait aller en prison. retirer «Le tribunal a retenu l’extrême gravité des faits commis, le niveau des infractions, le complot et n’a rien trouvé pour dans l’enquête ou les débats pour retirer à cette extrême gravité des faits. Vous aviez cette précieuse qualité d’élu et à ce titre un devoir d’exemplarité de dignité et de représentation», a motivé le tribunal.

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Samy Kefi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet, les deux organisateurs du chantage ont, eux, été condamnés à des peines de quatre ans de prison dont un avec sursis et 40.000 euros d’amende. Enfin, Pierre Gauttieri, l’ancien directeur de cabinet du maire a reçu une peine de quatre ans de prison dont deux avec sursis. Toutes les peines sont assorties d’un mandat de dépôt différé.

«Les Stéphanois connaissent la vérité des faits»

Devant la salle d’audience du tribunal correctionnel, Gaël Perdriau a été acceuilis sous les hurlements «coupable !» avant de sortir sans dire un mot. Gilles Artigues, la victime du chantage a, lui, fait part de son soulagement face à la décision des juges : «La justice est passée, maintenant tous les Stéphanois connaissent la vérité des faits et ses conséquences. Ils savent précisément ce que j’ai vécu pendant 10 ans. J’espère que c’est terminé et que l’on pourra tourner la page sans suite. C’est important pour ma famille et pour la ville de Saint-Étienne qui ont été sallies». Gaël Perdriau a dix jours pour faire appel.

Gilles Rossary-Lenglet, l’instigateur du complot et celui qui l’a dénoncé, s’est lui aussi dit «soulagé». «Ça fait cinq ans que je porte cela. Aujourd’hui on me croit et le jugement dit que j’ai dit la vérité même si celle-ci est implacable pour moi et je l’assume», a-t-il confié à la sortie du tribunal.

5 ans de prison requis

En septembre, la procureure de la République Audrey Quey avait requis une peine de 5 ans de prison, dont deux avec sursis et 50.000€ d’amende à l’encontre du maire de Saint-Étienne. Une peine, non aménageable, assortie d’une inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire.

La magistrate avait estimé «qu’en tant que maire il était le décideur sans qui rien ne se fait». Alors que Gaël Perdriau se dit toujours innocent des faits qui lui sont reprochés, la procureur a estimé qu’il est le seul prévenu «à avoir montré une absence totale d’évolution du discours et de reconnaissance des faits et de considération pour parties civiles. Il est le seul à nier l’évidence. Seul à n’avoir pas quitté ses mandats. Le seul qui peut donc récidiver. Ce choix de défense, il doit l’assumer et il doit être pris en considération.»

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Elle avait réclamé une peine de 4 ans de prison, dont deux avec sursis et 40.000€ d’amende à l’encontre de Samy Kefi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet. Et une de trois ans de prison, dont deux avec sursis, et 40.000€ d’amende contre Pierre Gauttieri. La procureur avait qualifié le dossier «d’écœurant, abject, infâme» décrivant «une organisation de caractère mafieux dont le haut de la pyramide se trouve à la mairie».

La défense avait plaidé la relaxe

De son côté, la défense de Gaël Perdriau avait plaidé la relaxe assurant que le maire de Saint-Étienne «n’a jamais eu la vidéo et aucun écrit ne montre qu’il a donné son aval à cette odieuse opération». Un enregistrement de l’édile où l’on l’entend évoquer la diffusion de ladite sextape «en petits cercles» a toutefois été diffusé durant l’audience. «Une menace mais pas du chantage», selon Me Jean-Felix Luciani son avocat. Gaël Perdriau a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés. «Je dis aux victimes et à leurs familles que je comprends leur souffrance, mais je n’en suis pas le responsable», s’est-il défendu pendant le procès.